Auto-Annihilation
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le 13 mars 2018
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Potentiellement, il y a tout ce qui devrait me plaire dans Annihilation, en terme de références plus ou moins marquées.
On pense évidemment à Tarkovski, entre le Shimmer qui évoque de loin la Zone de Stalker et les réactions dudit Shimmer, qui se rapprochent plus directement de Solaris sur plusieurs plans, mais le réalisateur empile avec une certaine maîtrise - consciemment ou non, d'ailleurs, là n'est pas la question -, nombre d'autres fragments d'ambiance, d'imagerie, de trame narrative plus contemporaines.
The Arrival plane dans les replis de ce film atteint par moment de Villeneuvisme, l'entrée dans le Shimmer rappellera un peu la façon dans le Monde Inversé est traité dans Stranger Things, l'odeur du Gareth Edwards des grands jours parfume allègrement ce périple, entre autres références qu'il serait vain de lister.
Sans confiner au plagiat, les références posent au contraire la mesure des ambitions du talentueux réalisateur d'Ex Machina.
Bon, j'ai un problème avec Oscar Isaac, mais qui tient plus du délit de faciès que d'un problème de performance, même si je le trouve très peu convaincant lors des scènes en mode "statique" (pour ne pas en dire trop), scènes compensées avec efficacité et simplicité par le flashback récurrent d'un touchant moment d'intimité partagé par Natalie Portman.
SF, horreur, drame psychologique, thriller ésotérique, fantastique psychédélique, Annihilation danse entre les genres et les références, et nous offre des images parfois intenses et horrifiques, à d'autres moments d'une beauté bucolique, dans la moiteur de cette pseudo jungle en mutation permanente, et se targue d'un propos oscillant entre audace et prétention - parfois un peu lourd -.
Les idées visuelles sont souvent excellentes, même si le "fourmillement", la mutation permanente censée être la caractéristique première du Shimmer n'est pas au rendez-vous, le réalisateur proposant plutôt un enchaînement de tableaux souvent magnifiques mais malheureusement trop statiques.
Quelques pics flirtent avec le meilleur du psychédélisme cinématographique, quand bien même l'image de synthèse sera peut-être trop flagrante pour les puristes et les réactionnaires - dont je fais souvent partie -, mais la force évocatrice flirtant avec le trip au DMT desdites scènes reste suffisamment intense et d'une vraie beauté pour convaincre.
Bref, j'ai aimé regarder Annihilation, complètement pris dans l'ambiance du film, et souvent impressionné par les choix visuels et sonores de cette fuite en avant entre le film d'horreur bis, le trip mystico psychédélique, la réflexion métaphysique et le road movie Hellmannien.
Mais le film avance inexorablement vers une conclusion que l'on sent venir dès les premières minutes du film, et nivelant au final le film par le bas, ou plutôt par le bis, créant une dissonance de ton et d'intentions qui m'a un peu déçu, bien que clairement inévitable.
Sans compter certains personnages fonctionnels au ridicule consommé qui dansent eux aussi sur la frontière du bis sans l'assumer vraiment.
Néanmoins, malgré sa prévisibilité, sa fin, et ses défauts confinant à la maladresse et annihilant les velléités intellectualisantes du scénario - qui tente malgré tout de s'imposer en tant que parabole biblique, dérive dans les replis de l'âme façon Apocalypse Now, réflexion sur le sens de la vie sauce Tarkovski, entre autres intentions plus ou moins explicites -, Annihilation réussit à s'imposer par une ambiance générale onirique et moite, quelques scènes magistrale réellement habitées, une direction artistique en place, et une belle gestion du suspense et des scènes-clé.
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Créée
le 13 mars 2018
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