Auto-Annihilation
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Trois ans après Ex Machina, le scénariste Alex Garland revient à la réalisation (pas son fort) en compagnie de la star Nathalie Portman dans une science-fiction peu convaincante.
Pour mettre fin à un mystérieux phénomène radioactif qui touche une partie de la côte américaine, l’armée envoie un groupe de chercheurs composé de Lena (Nathalie Portman), biologiste et ancienne militaire, et de quatre femmes chacune experte dans son domaine. Une fois dans la « zone », les membres de l’expédition découvrent que la faune et la flore ont subi des mutations – infimes au départ, considérables à mesure qu’elles s’approchent de la plage. Plus important encore, la zone de miroitement dégrade la santé mentale de quiconque la traverse.De bonnes idées, sur le papier, mais l’écrit se heurte, hélas, au terrible constat d’une réalisation totalement stérile. Un concours de clichés, de bêtises et de généralités. Toutes les nuances de la pauvreté sont représentées. On peut d’ailleurs s’amuser à les classer par catégorie. Voici la banalité : un halo blanchâtre nous alerte sur le caractère étrange des faits qui vont survenir. La facilité : pour faire partie de l’expédition, il faut avoir un passé sombre et vivre une dépression car il s’agit d’une « mission suicide ». La maladresse : les jours sont résumés en un déluge d’événements à l’énergie imprévisible parce que (comprenez bien) la nature est « insaisissable ». La cuistrerie : Alien et The Thing s’invitent dans une scène superficielle n’apportant rien à l’intrigue. Et enfin, l’amateurisme : le décor semble avoir été conçu par un fan de The Last of Us.
Il y a bien quelques efforts salutaires, comme la musique de Geoff Barrow (membre du groupe Portishead) qui nappe l’expérience psychédélique des personnages d’un voile mystique œuvrant au dialogue entre destruction et création de l’écosystème. Mais l’effet de sidération est passager. Il s’efface rapidement au profit d’une contagion émotionnelle forçant le spectateur à l’empathie.
Une série B à 40 millions de dollars
Alors que Ex Machina surprenait par sa tentative de mêler cinéma fantastique et motifs de la réflexion sur la robotique, Annihilation n’apporte pas d’éléments nouveaux au débat sur la nature. Au contraire, il caricature ce que d’autres films ont abordé avant lui. La référence à Stalker est évidente mais proposer ce rapprochement inscrit l’œuvre dans la catégorie des « faux remakes » type série B ludique pour deuxième partie de soirée. Un résultat amusant car on considère généralement les série B comme des productions à petit budget et opportunistes. Ici, la réinterprétation de Tarkovski aura coûté 40 millions de dollars (contre 15 pour son premier film).
Sina Regnault
https://www.leblogducinema.com/critiques/critiques-films/critique-annihilation-867361/
Créée
le 15 mars 2018
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