Auto-Annihilation
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Comme le titre du papier l'indique, Annihilation s'élance tout droit vers une thématique, une ambiance, une atmosphère visuelle et sonore et une progression à la Stalker mâtinée de Couleur tombée du ciel.
Une équipe 100 % féminine (c'est absurde de le préciser ? J'aimerais que oui, mais c'est tout de même notable) s'enfonce dans une zone touchée par le Shimmer, altération alien colorée qui envahit et modifie tout, avalant au passage les équipes militaires qui s'y sont aventurées.
Progression dans un inconnu luxuriant où, entre mer et forêt exubérante, est censé se dresser le Phare, centre du phénomène, cause de toute chose. C'est la vie et ses distorsions, ses possibilités qui sont ici au cœur du propos et de ce périmètre en mutation, une vie omniprésente, chaotique, surprenante, terrifiante. La première partie est classique mais savoureuse, avec la découverte d'un environnement ultra-terrestre dont les éclairages irisés tranchent avec les conventions visuelles habituelles censées véhiculer la notion d'étrangeté. C'est un trek de survie, de fuite en avant, où les personnalités et secrets se révèlent rapidement, chaque personnage étant, in fine, embarqué dans cette expédition afin d'y disparaître et d'y renaître, se servant de la zone comme d'une réponse à l'impasse de sa vie.
La zone est un laboratoire à ciel ouvert recombinant et explorant les potentialités de l'ADN et des formes qu'il génère. Dans le fond, c'est une approche assez fraîche, car elle évite la téléologie, l'idée que ces mutations et bouleversements ont un sens et servent un but. La zone semble être un accélérateur d'évolution censé incarner les notions cellulaires de mitose et d'aopoptose où toute forme de vie, y compris les humains, sert de matériau. Tout s'y meut et se distort, débouchant sur des absurdités monstrueuses ou des instants de grâce. Comme la vie (wooo...). Et c'est là le point intéressant et pourtant limité : rien de tout cela n'a de but, l'évolution n'a pas d'objectif. Malheureusement, c'est un peu court, ça n'éclate pas en un mystère supérieur, et la rencontre finale s'empêtre dans la volonté de résoudre le destin de l'héroïne, en agrégeant énigme, ouverture forcée et un final très série B qui n'assume pas la belle étrangeté initiale. On finit en bête film d'alien bizarre.
Le film tombe par ailleurs dans le piège des histoires ayant une prétention scientifique, avec ces chercheurs étalant des généralités et approximations avec une force de conviction embarrassante. Où on name-droppe du gène Hox et on analyse des plantes en un regard. Dans un film qui interroge des bouleversements fondamentaux de la vie et de l'identité et que les outils mis à disposition des spectateurs et des personnages sont précisément leur expérience et leur compréhension scientifique du phénomène, être léger sur ce point fragilise tout l'édifice.
J'ai écrit beaucoup plus que ce que je souhaitais. Cela signifie sans doute que quelque chose me titille tout de même profondément dans l'atmosphère et le sujet de ce film inachevé qui ne sait pas quoi faire de la puissance du sujet qu'il aborde. Et peut-être parce que j'attendais un Exauceur au bout du chemin, pour le meilleur et pour le pire.
Créée
le 19 mars 2018
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