C’est quoi l’adaptation?


Annihilation engage sa réflexion avec une Natalie Portmann enseignante qui présente à ses élèves les cellules et leur évolution perpétuelle pour montrer combien la vie est palpitante.
Et elle a raison: comment ne pas être fasciné par ce qui nous entoure et par le mystère de la vie animale et végétale?
Comment ne pas être passionné quand on étudie l’évolution des espèces, les modifications naturelles de la génétique, la capacité d’adaptation des organismes à leur milieu naturel?
Ce qui nous émerveille c’est autant notre propre mystère que tous ceux qui nous ont précédé et nous entourent, c’est cette existence dont on ne comprendra jamais à quoi elle rimme mais dont on ne se lassera pas d’apprécier la beauté.


Sur ce point annihilation propose un concept intéressant, en mettant en jeu une bulle qui booste l’évolution: dans un espace appelé “le miroitement” les organismes sont métamorphosés; ils subissent en quelques instants des mutations qui mettraient des millénaires dans le monde que nous connaissons.


Cette accélération touche tout ce qu’elle englobe, donnant à voir des paysages magnifiques, des animaux terrifiants, et des humains qui n’en sont plus vraiment.


Face à cette étendue de phénomènes inconnus, plusieurs comportements sont envisageables:: les combattre, se laisser porter, ou jongler entre la méfiance et la fascination et essayer de comprendre.


On sent que le réalisateur a voulu faire une vraie proposition avec son film: en suivant des personnages aux passés douloureux, en fuite de tout, il nous montre des êtres qui n’ont rien à perdre, qui au contraire pensent pouvoir trouver des réponses au phénomène autant qu’à leur mal être.


La capacité d’adaptation des cellules entre alors en résonance avec la capacité de l’homme à évoluer, à se remettre des aléas de la vie, à se relever, à s’adapter.
Cette perpétuelle renaissance de l’humain, cette façon de se relever après un coup dur en devenant une nouvelle version de lui-même, la question de l’identité dans le mouvement, c’est exactement ce que fait la nature dans annihilation.


Malgré un mode de narration et des dialogues perfectibles, on ne peut s’empêcher de vouloir comprendre où on va, de trouver dommage de ne pas bénéficier d’un écran de cinéma pour certains plans qu’on imagine conçus pour le grand spectacle, et surtout on arrive à trouver des points communs entre la nature évoluée du film et nos fonctionnements intimes.


La conclusion veut faire du spectateur un interprète, elle veut être de celles qui le marquent et dont il pourra débattre, elle veut lui parler comme une toupie dont on se demande encore si elle finit par tomber ou pas.
Sauf qu’elle est moins marquante que ce qui a précédé, et on aurait peut être préféré en rester au stade d’avant.
Ce qui est bien mené c’est la réflexion générale sur notre difficulté à traverser certaines épreuves, puis soudain se rendre compte que ça y est on a retrouvé une forme de sérénité, qu’on n’a pas oublié pour autant mais qu’on est parvenu à un nouvel équilibre, qu’on se retrouve enfin.
.
Cette façon d’envisager la vie, c’est aussi notre capacité à nous interroger sur ce qui fait qu’on accepte ou pas le changement, qu’il soit naturel ou causé par un événement extraordinaire.
Rien que pour nous laisser le temps de réfléchir à ce perpétuel mouvement annihilation vaut le coup qu’on lui accorde quelques instants, et qu’on profite de sa fausse lenteur pour se lancer dans une rapide introspection, sans quoi on risque de s’y ennuyer un peu.

iori
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le 30 mai 2018

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