Annihilation par AntoineRA

Alex Garland, scénariste émérite d'une science fiction riche et réfléchie, entreprend avec Annihilation sa deuxième virée derrière la caméra, suite au brillant Ex Machina. Boudée par les distributeurs de cinéma pour ses thèmes trop "intelligents", cette adaptation personnalisée du roman du même nom poursuit effectivement dans la lignée thématique des œuvres de Garland, à savoir un récit nimbé d'éléments obscurs (ici, ce "miroitement" et cette déconstruction de la faune et la flore), pour propulser ses personnages dans une spirale vertigineuse de concepts métaphysiques et visuels à nous en laisser pensifs des jours durant. Toujours avec un soin irréprochable dans sa mise en scène lente et contemplative, dont on pourra reprocher quelques plans visuels cheap au démarrage, Garland finit par offrir des scènes résolument marquantes et visionnaires, dans une escalade très "Kubrick-ienne", et un esprit similaire au Premier Contact de Villeneuve. Par ailleurs, la bande-son que l'on peut regretter trop absente joue finalement ce rôle de cloisonnement et angoisse dans un environnement hostile. Reste l'écriture expéditive des personnages secondaires et un intérêt, à première vue, moindre des flashbacks dans le montage du film. Des écueils propres aux films de science fiction indépendants, quand bien même Annihilation, de par ses thèmes qui donnent matière à interprétation et sa richesse visuelle, s'approche indéniablement des pontes du genre.