Another Earth avait tout pour être un bon film. On a un titre et une affiche qui nous faisaient croire à un space flick, et puis en définitive on a une version miroir de Rabbit Hole. Qui plus est, ce miroir est le même qui servait de base à Danger, Planète Inconnue, ce qui ajoute une nouvelle influence rendant le guéridon des plus instables. Drame, fantastique, mix foireux ? Pas tant que ça, puisque l'écriture en elle-même se montre captivante, avec cette jeune femme torturée qui cherche un moyen de ramener une éclaircie dans le quotidien d'un homme dont elle a détruit la vie en tuant sa famille lors d'un accident de la route. S'en suit un creux dans l'inspiration, fonçant sans grande originalité dans le registre de la coucherie, avant de sombrer dans un n'importe quoi aussi énervant que la fin de Contact, et donnant l'impression que les auteurs (Cahill et Marling) n'avaient aucune idée quant à comment clore leur œuvre, et dans le doute, se sont dit que nous laisser imaginer les réponses (puisque aucune nous est donnée) serait la meilleure chose à faire, alors qu'au contraire, elle se montre très préjudiciable, notamment lors de son dernier plan, hautement débile.
Bref, Another Earth est un film souffrant d'un déséquilibre profond, tout comme son héroïne. Le concept du doppelgänger est inséré, mais jamais réellement développé, et finalement le pardon, autre point de l'œuvre, reste en suspens, et bien que ses deux premiers tiers soient dirigés de main de maître (on sent l'influence Van Sant), le troisième laisse une certaine amertume, pour ne pas dire une impression de s'être fait enfler.
On a certes la notion de sacrifice, de dépassement de soi, mais jamais le pardon n'arrive, alors que pendant 1h30 cette pauvre demoiselle s'efforce de l'obtenir, et nous on reste comme des cons devant notre écran, se demandant si elle n'avait finalement pas pour but de prolonger la torture de ce pauvre homme. Pourquoi briser leur romance ainsi que sa nouvelle joie de vivre et lui offrir des espoirs incertains ? Il avait enfin dépassé l'étape de l'acceptation, et elle vient le faire régresser, en terme de subtilité on aura vu mieux.
Pour conclure, si vous êtes passé à côté de Rabbit Hole et Danger Planète Inconnue, vous n'aurez pas cette horrible impression d'assister à un mélange maladroit, et saurez apprécier l'œuvre pour ce qu'elle est, même si son final aura tout pour vous déconcerter. Ceux qui espéraient une fable métaphysico-philosophique qui aille au fond des choses auront aussi bien à faire que de choisir un autre programme, car ça touche à pas mal de sujets, mais hormis le jeu de Marling, seul et unique intérêt du film, ça brasse pas mal de vent pour pas grand chose (chouchou Sundance oblige).
Mention spéciale pour Brit Marling, moins belle que sur l'affiche, mais pourtant pas dénuée d'un certain charme, malgré son aspect nonchalant de jeune fille lessivée rappelant Gabe Nevins dans Paranoid Park. En plus d'actrice, il est à noter qu'elle tient également les casquettes de scénariste et productrice, une jeune femme à suivre donc de très prêt (sa prochaine production, Sound of My Voice, qui sortira en France en avril 2012 s'annonce d'ailleurs comme bien mieux maîtrisée).