Plus de huit ans après sa mise en chantier, Ant-Man arrive enfin sur les écrans, après une préproduction à remous qui a vu partir le petit génie Edgar Wright (qui a patienté en pondant une trilogie de films cultes et l'épuisant Scott Pilgrim) pour voir débouler deux nouveaux scénaristes et un réalisateur lambda à la barre pour le film qui devait achever la Phase II de Marvel.
Autant dire que le film était autant attendu que craint. Ce qui résume bien le film, oscillant entre le respect de l'idée originelle de Wright et le devoir de satisfaire celui qui commence à devenir le boulet du MCU : Kevin Feige. Mais si, vous savez de qui je parle. Je parle de l'homme que Marvel et IGN interviewent à chaque sortie de film Marvel alors qu'il n'est ni un acteur ni le réalisateur. C'est le président de Marvel Studios, la tête pensante derrière la construction du MCU et qui a décidé que les films devaient compter d'abord sur le casting, peut-être sur le scénario, et éventuellement sur le talent du réalisateur. C'est Feige qui voulait Ant-Man dans le MCU, quitte à l'intégrer de façon anecdotique et en lui donnant un budget mondire que celui du premier Iron Man (alors qu'il y a déjà 3 films sur 11 du MCU qui ont pété le milliard de recettes).
Ant-Man a plusieurs bonnes idées à explorer (le braquage avec la technologie de Pym, les relations père-fille, mentor-protégé) mais n'en fait pas grand chose. Peyton Reed copie la réalisation de Wright soit en faisant des redites (je suis sûr que le coup de l'histoire racontée avec les doublages par le narrateur vient d'un des films de la trilogie Cornetto) soit en la prenant au premier degré (Cross est méchant parce qu'il fait des expériences sur des chèvres ?), mais passe totalement à côté du comique visuel de la réalisation qui est la marque du cinéaste britannique.
Reste tout de même l'humour et le second degré dont fait preuve le film. Il sait que le héros a des pouvoirs WTF et pas cohérents (les particules Pym condensent la densité de la matière, mais pas sa masse a priori, donc l'imaginer léger ne tient pas la route), qu'il a des personnages bons qu'à être des comic reliefs, bref que tout ça, au sein d'un univers où vivent des dieux nordiques et des géants verts (oh oh oh), tout ça relève de la blague. C'est le seul point sur lequel le film sait se montrer lucide et divertissant, et qui fait que malgré tous ses problèmes, je me suis bien marré devant ce film. Parce qu'avec son statut d'outsider, il pousse jusqu'au bout la logique de tous les films du MCU : faire les choses sérieusement, mais sans se prendre trop au sérieux. Même pour un film d'envergure à échelle réduite.
Oh ça va, fallait bien que je fasse une vanne sur la petite taille, dans cette critique...