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Il y a quelques mois, j’avais écrit pour le site VonGuru un article intitulé « Comment sauver Black Panther ? », en concluant qu’il y avait un grand absent dans le débat idéologique structurant l’antagonisme des personnages, le peuple. Qu’il ne soit pas consulté, voire n’apparaisse simplement pas dans sa dimension citoyenne, n’est pas si étonnant dans une fiction monarchique, et cela ne m’avait pas choqué dans les Thor. Mais pour une œuvre aussi soucieuse de respectabilité sociale, manifestant de telles ambitions politiques, réduire une guerre d’idées à un duel physique avait quelque chose de profondément dérangeant, que j’étais certain de retrouver dans Aquaman tant certains rouages scénaristiques sont communs aux deux films.
Cela n’a pas manqué, et après un seul article dans ma chronique Dictature des Dieux , j’ai déjà le plaisir ambigu d’y adjoindre ce hors-sujet cinématographique sur le fort divertissant film de James Wan. L’objectif de la chronique est, je le rappelle, de montrer que les représentations politiques dans les œuvres super-héroïques ne sont pas anodines, et qu’on ne sur-interprète pas nécessairement en en ayant une lecture pointue. Un projet au cœur de ma thèse, et qui avait entre autres donné lieu à une conférence publiée intitulée « Lectures politiques du comics super-héroïque, la risible tentative de légitimer un mauvais genre ? ». Si je me permets de le mentionner, c’est qu’il faut être conscient qu’il y a une différence entre le sous-texte inconscient d’une œuvre sans prétentions, relevant de la culture de masse, et le message explicitement défendu par un film engagé. Mais entre ces deux extrêmes se déploie tout un spectre, et à une époque aussi consciente que la nôtre, dans des univers de fiction revendiquant leur prise sur les problématiques réelles, il est assurément légitime, si ce n’est nécessaire, de scruter avec scepticisme les aberrations politiques que peut s’autoriser Hollywood.
Pour cela, quelques spoilers seront nécessaires. On ne dévoilera pour autant rien d’inattendu (le gentil gagne contre le méchant et devient roi d’Atlantide à la fin, sans blague), et on ne racontera rien dont il ne serait pas indispensable de parler dans le cadre de notre lecture politique, de sorte qu’à moins de vouloir rester absolument vierge de toute information sur Aquaman (mais dans ce cas, pourquoi avoir cliqué et être arrivé jusqu’ici ?), la lecture de cet article ne devrait pas vous priver des surprises du film.
On trouvera sur le blog Comics have the power la suite de mon analyse politique du film Aquaman : https://comicspowercom.wordpress.com/2018/12/27/dossier-dictature-des-dieux-2-aquaman-un-roi-sans-son-peuple/