Quand le cinéma veut être plus que du cinéma...

Le thriller politique est souvent casse gueule. Il faut savoir s'y prendre à la perfection pour rapporter des faits réels. Ben Affleck se frotte au genre en recréeant l'ex-filtration de 6 otages en Iran. Afin de les rapatrier aux Etats-Unis, la CIA les fait passer pour une équipe de tournage en repérage au Moyen-Orient.

L'angle choisi est aussi original que passionnant. Pas de violons aux aguets, on ne cherche qu'à savoir comment les diplomates s'échappent des griffes de la population iranienne toujours prête à surgir de l'ombre. Il règne une espèce de tension pesante que les vapeurs d'alcool qu'avalent le personnage de Ben Affleck ponctuent. Ce n'est pas un poivrot, non, juste quelqu'un qui a une pression plus que gouvernementale sur les épaules, et qui ne laisse rien paraître sauf peut-être quand il se retrouve seul dans sa chambre d'hôtel, avec pour seuls témoins sa bouteille et le spectateur. Est-il utile de répéter les nombreuses critiques ayant acclamé le jeu d'Affleck ? Non.

Les dialogues sont percutants et donnent toute leur saveur à une intrigue qui est déjà aussi piquante qu'un Bloody Mary. Enfin, sanglant non pas forcément. La violence est plus suggérée que montrée. D'ailleurs, c'est pour cela qu'on a le souffle coupé. Une question nous taraude : vont-ils se faire découvrir par les Iraniens en colère, vont-ils être exécutés sur-le-champ, ou bien torturés lentement à la sauce naziste?

Pendant que cette question nous poursuit, le monde occidental commence à s'inquiéter, et l'idée de tourner un faux film s'impose donc. C'est Tony Mendez, le personnage principal, qui a cette brillante idée, inspirée par son fils. Ce genre de procédé est utilisé assez fréquemment dans la série "Castle", où Castle le héros a souvent une révélation par un évènement, une phrase ou une image qui n'a rien à voir avec l'intrigue majeure (en tant que fan boy, je me devais de placer cette explication!)

Le faux film, donc. L'idée de départ est bonne, mais à l'arrivée, c'est un peu décevant, dans le sens où j'aurais voulu en voir plus. Connaître le plateau de tournage, voir ces diplômates feindre le métier de cinéastes, imager le côté coulisses d'Hollywood au lieu de déverser simplement des abominations dessus aurait été plus captivant encore.

Je pourrais en parler encore longtemps de ce film mais repassons à la fameuse question. Elle était tellement présente qu'à la fin, on n'est pas surpris. On s'attendait à cette chute, mais toujours dans une incertitude assez prenante, je dois avouer. Mais bon, comme c'est tiré d'une histoire vraie....

Si je ne mets que 7, c'est parce que les Iraniens sont encore une fois diabolisés. Et que même si de temps en temps on cherche à montrer que les USA ne sont pas tout roses, tout purs dans ce conflit, on en croit pas une seconde à ce faux anti-américanisme. Dans le fond, les méchants sont le peuple d'Iran, et c'est tout. Malheureusement, ici, pour moi, il n'y a ni victime, ni coupable. Ne me mentez pas, messieurs les Américains.