Dès le générique à la Saul Bass, on est dans l'ambiance. "Attrape-moi si tu peux" relève de la comédie policière légère, et raconte le parcours d'un jeune escroc brillantissime que le F..B.I. traque de 1965 à 1978.
Spielberg est à son meilleur quand il décrit l'Amérique de l'âge d'or, et ici l'image de Kaminski est sublime, avec ces reflets un peu rougeoyants sur des plafonds ou sur le chrome des Chevrolets. La bande-son est à l'avenant, avec du Sinatra (noël est un thème récurrent), du Billie Holliday, mais aussi d'autres trucs plus sixties. Et puis il y a ce thème principal au violoncelle, si prenant. La traque se poursuit de Miami à Los Angeles en passant par New York, Atlanta, etc... jusqu'au dénouement, à Montrichard, avec cette scène poignante où Frank est désemparé au milieu de ses rotatives à faux documents.
La galerie de personnages autour de Frank Abagnale est un sans faute, de Martin Sheen en beau-père sudiste à Christopher Walken en père indigne, sans oublier Nathalie Baye en mère rêvée et surtout Tom Hanks, le père symbolique qui doit attraper Frank. La scène avec le mannequin dans l'hotel, par contre, m'a semblé assez gratuite.
Il y a beaucoup de références à Tintin : les agents en chapeau mou et petits révolvers, les coups de fil innombrable depuis une cabine, les astuces multiples du jeune Frank. Je ne suis pas un énorme fan de Tom Hanks, mais il est celui qui arrive le mieux à saisir ce côté bande-dessinée, son profil rappelle un peu un mélange de Nestor et des Dupondt. Ah, et moment très drôle où avec des bras armés de révolver, Spielberg imite ses chers requins des Dents de la mer. Les cadrages sont raffinés, le principal type de plan étant le panotage latéral avec un léger recadrage vers le haut. Beau travail sur le hors-champ.
Le film repose sur le comique de situation (cette scène où Di Caprio, rattrapé par Hanks, s'improvise en agent des services secrets qui vient de coffrer le coupable ! Ou encore ses nombreuses tentatives pour se faire passer pour un médecin ou un avocat). Le film manque parfois un peu de clarté, notamment sur les transitions brutales dans la vie de Franck, ou même son arnaque à l'aéroport de Miami, assez confuse.
Il n'y a que la fin qui est un peu décevante. La joie se trouvait dans la poursuite, point.