Assaut
7.5
Assaut

Film de John Carpenter (1976)

Entre le polar urbain, le western et le surnaturel, ce film à petit budget impose le respect.

Le Central 13, un commissariat situé à Anderson (un quartier de Los Angeles) vit ses dernières heures. En effet, ce dernier est sur le point d’être désaffecté et transféré dans un autre quartier. Le personnel est réduit au strict minimum et pour sa dernière nuit, le personnel sur place va amèrement regretter d’être de garde. En effet, un gang assiège le commissariat dans lequel vient de se réfugier un homme qui a tué l’un des leurs. Les malfrats sont bien décidés à ne laisser personne en vie ce soir et les quatre personnes présentes au commissariat n’auront d’autre choix que de s’unir avec les prisonniers pour faire front commun.


Second long-métrage pour John Carpenter, après la science-fiction (Dark Star - 1974) et juste avant d’entrer dans la légende avec son slasher (La Nuit des masques - 1978). En réalisant ce polar, le jeune réalisateur s’est attelé à une transposition moderne de Rio Bravo (1959) et le résultat est tout simplement bluffant.


Ce qui frappe en premier lieu ici c’est la mise en scène, en dépeignant Anderson comme un quartier à l’abandon, où rares sont les protagonistes à s’aventurer dans les rues désertes. C’est bien simple, on ne croise personne en dehors d’un père, sa fille, un vendeur de glace et le gang. Le réalisateur parvient à y insuffler une ambiance pensante et lourde, on sent que quelque chose va se passer, on ne sait pas quand mais la tension est palpable et ne nous lâchera pas avant le dénouement.


La façon avec laquelle le réalisateur a dépeint son gang est particulière. C’est bien simple, ils ne parlent pas, en ne les humanisant pas, Carpenter a fait le choix d’instaurer un malaise entre eux et le spectateur. Ils nous apparaissent comme surnaturel, il n’y a qu’à voir la façon avec laquelle ils évoluent aux abords du commissariat. Les voir courir à pas feutrés, en embuscade et en se ruant à chacune des fenêtres comme s’ils ne craignaient pas les balles. Armés de silencieux, la violence est sourde aussi bien aux yeux des spectateurs qu’aux oreilles du voisinage, raison pour laquelle à aucun moment la police ne sera prévenue qu’un commissariat est pris d’assaut par des tireurs embusqués.


La violence est soutenue, voire d’une rare froideur


(le meurtre de la gamine venue s’acheter une glace, on ne l’avait pas vu venir et on n’aurait jamais osé l’imaginer)


. La musique qui l’accompagne est elle aussi une franche réussite (Carpenter lui-même l’a composé), sans oublier une belle brochette d’acteurs à commencer par Darwin Joston (Napoleon) & Austin Stoker (Lieutenant Bishop). Entre le polar urbain, le western et le surnaturel, un film à petit budget (150 000$) qui impose le respect. Carpenter ayant multiplié les casquettes (réalisation, scénario, montage & musique), nous prouve son indéniable talent (il n’y a qu’à voir sa filmo par la suite). A noter enfin qu’un remake éponyme (2005) a vu le jour et a été réalisé par le français Jean-Francois Richet.


http://bit.ly/CinephileNostalGeekhttp://twitter.com/B_Renger


« Tu fais une tête comme si on avait chié dans tes grolles. »


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le 19 mai 2021

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RENGER

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