Astérix & Obélix - Au service de Sa Majesté par Cinemaniaque
En 2012 après Jésus-Christ, tous les cinémas du monde ont été conquis par les Américains. Tous ? Non, une poignée d'irréductibles producteurs tentent vainement de résister à l'envahisseur. Comment ? En essayant de copier scandaleusement les dits Américains. Quelques notions de base pour ceux qui voudraient faire de même.
Quand un Américain joue un conquistador ou un inuit, on y croit. Quand un Français joue un Anglais, une Reine, un empereur italien mégalo, un Indien (d'Inde) ou un Normand, on n'y croit tout simplement pas. Sans déconner, aucune action en justice ne peut être entreprise pour punir ce miscasting ? Luchini est tout simplement nul en César de 1m60 (tu parles d'un conquérant), on utilise les frères Taloche (comiques belges) pour jouer des serviteurs de la Reine qui, une justice à lui rendre, bénéficie du charme de Catherine Deneuve pour être sauvée. Mais le reste ? Des accents anglais mal imités aux accents normands... ben non imités en fait, on ne nous épargne rien. Sans parler des BB Brunes qui font de la figuration ! Astérix est et sera français, môsieur ! Et qu'importe si la crédibilité est enlevée en 2 secondes !
Ensuite, quand les Américains ont un poil dans la main, ils peuvent créer n'importe quel monde depuis leurs ordinateurs. En France, on peut créer n'importe quel effet raté à partir des logiciels pourris qui existent. Car il faut le dire : les décorateurs ne se sont pas foulés ! Entre des fonds verts qui font voir rouge tant ils sont nuls, une majorité de jardin privé pour les scènes (inutiles) d'Ophélia et quelques endroits loupés (le stade de rugby ; what the f.. ?!), on se demande vraiment si on est en Britannia ou au parc d'Astérix une matinée d'automne. Et c'est vraiment pas une référence. Avantage non négligeable pour le coup : pas besoin de se faire chier à mettre une cinquantaine de figurants pour donner un peu de vie, on s'en branle un peu que le village gaulois soit vide comme le scénario et que Londonium ressemble à la ruelle en bas de chez ma grand-mère un jour de verglas.
Troisièmement : quand les Américains font des références, ça fait postmodernisme rigolo. Et dans Astérix, à votre avis ? Ben ouais, de la merde. Non, sérieusement : que l'on s'autoréférence, bon, admettons ; que l'on fasse référence à des "péplums" type 300 (je ris), passe encore ; mais quand on pousse le bouchon jusqu'à Star Wars ou Kill Bill, je pleure de dépit.
Astérix 3 était con comme un pillum, mais il avait au moins de la gueule avec son budget pharaonique. Astérix 4, en revanche, n'a rien pour lui : avec ses décors en papier mâchés, son casting réduit au minimum (même Idéfix est balayé) et ses dolmen en mousse, ben il fait plus burlesque involontaire que révolutionnaire l'Astérix. Faut dire que mélanger l'un des meilleurs albums de la série (chez les Bretons) avec l'un des plus fades (chez les Normands), c'était déjà assez audacieux que pour négliger le reste. Ben oui mais non.
L'art est difficile, la critique est aisée, j'en conviens. Mais oser transformer, après le massacre d'Astérix 3, une icône de la BD en vulgaire catalyseur de blagues qui tombent régulièrement à plat (pas toutes, heureusement, mais elles se comptent sur les doigts de la main de Django Reinhardt) et oser prétendre qu'il y a, en outre, une réelle dimension subversive derrière (les Romains sont comme les Américains, justement), c'est un appel masochiste à une lapidation publique. Et ce n'est pas la prostitution intellectuelle de la critique (à courts d'idées pour défendre le film, suffit de les lire) qui me fera taire : non, je ne cautionnerai pas cet ultime (je le souhaite) chant du coq atteint de grippe aviaire sous prétexte d'exception culturelle. Je préfère encore me soumettre aux Américains qui ont le mérite de reconnaître quand ils font des navets dans un but financier.
Goscinny, revient, ils sont devenus fous ces Français !
