Sorti le 30 janvier dans les salles françaises, le troisième volet des aventures d’Astérix suscite la polémique. Avec un casting colossal et un budget pharaonique, le film est l’objet de nombreuses attaques.
Beaucoup se permettent d’en parler sans l’avoir vu, ce qui n’est pas notre cas !
Voyons ensemble les qualités et les défauts de ce nouvel opus.

Tombé amoureux de la belle princesse grecque Irina, le gaulois Alafolix part la rejoindre dans son palais. Mais Brutus, le machiavélique fils de Jules César, compte lui aussi l’épouser, afin d’unir le royaume de Grèce à Rome. Pour départager les prétendants, chacun s’entend à participer aux grands Jeux organisés à Olympie. Seul le vainqueur pourra réclamer la main d’Irina…
Nul besoin de détailler plus le « pitch » du film puisqu’il reprend dans les grandes lignes l’album du même nom. Un album qui, bien que sympathique, n’est pas dans les meilleurs du duo Goscinny-Uderzo, mais qui s’adaptait bien aux besoins d’un long-métrage, qui plus est à quelques mois des prochains JO en Chine !

Après le formidable succès du second film réalisé par Alain Chabat, beaucoup attendait celui-ci au tournant, espérant sans trop y croire à un nouveau miracle cinématographique. Ce n’est hélas pas le cas… La magie n’y est plus, les répliques fulgurantes d’un Jamel, le côté spectaculaire, l’inventivité incessante ont disparu… Alors que Gérard Jugnot avait longtemps espéré réaliser le troisième film, c’est finalement le duo Forestier-Langmann qui s’attelait à la réalisation. Et il ne faut pas chercher plus loin les raisons de ce (semi) échec. Le même Frédéric Forestier, déjà co-réalisateur du Boulet, n’a sûrement pas du avoir les coudées franches en voyant son producteur omniprésent s’adjoindre la direction du film, ainsi que l’écriture du scénario et des dialogues. Si Chabat possède un univers et un humour reconnus, rodés par des années à écrire des sketches avec Les Nuls, que dire de Langmann ? Un producteur doit-il coiffer plusieurs casquettes ? Visiblement non. Et c’est dommage, car le film n’est pas complètement raté, il possède même quelques bons moments et l’impression à la sortie de la salle est plutôt positive malgré les évidents défauts du film. Les critiques ont quant à elles éreinté un film qu’elles n’ont pas toutes vu, se basant sur un budget record et un casting à rallonge pour en déduire qu’on avait là un nanar repoussant de médiocrité. On peut d’ailleurs constater que ceux qui détruisent le film sont ceux qui ne l’ont pas vu, les autres trouvant quelques qualités à cet opus, tout de même meilleur que le premier.

J’ai aimé :
– Alain Delon, génialissime en César. Je me demande même pourquoi les autres n’y ont pas pensé avant. La séquence d’ouverture, peut-être la meilleure, sur une musique culte, retrace avec humour et références évidentes sa riche filmographie.
– Benoît Poelvoorde. Tout comme Jamel Debbouze avant lui, le film repose sur ses épaules et son personnage jusque-là jamais exploité. Parfait, comme toujours.
– Le charme de Vanessa « Alice » Kessler. Cette fois en brune, l’égérie de la publicité pour le fournisseur italien remplace avantageusement, mais en moins sexy, sa compatriote Monica Bellucci.
– Jérôme Le Banner. J’avais un gros doute sur les capacités du kickboxer à jouer la comédie et il s’en tire à merveille dans le rôle de Cornedurus, l’athlète romain ! Une des excellentes surprises, qui lui ouvriront les voies du cinéma à n’en pas douter.
– Une assez bonne exploitation des guests. Schumacher en pilote de char germain, Zidane meilleur que dans ses pubs en Numérodis, le cousin de Jamel, etc…

Je n’ai pas aimé :
– Stéphane Rousseau. L’humoriste québécois semble retenir son accent dans chaque réplique et ne possède dans ce film aucune once de charisme. Dommage quand on sait que le film repose à moitié sur lui, bien plus que sur Astérix ou Obélix…
– Jean-Pierre Cassel. Un excellent comédien mais un piètre druide. Pour son dernier rôle, il compose un mauvais Panoramix. Pourquoi ne pas avoir repris le formidable et parfait Claude Rich ?
– Les autres guests. Dans un final fourre-tout qui aurait pu être sympathique, Amélie Mauresmo et Tony Parker arrivent comme des cheveux dans la soupe. C’était si difficile de les intégrer dans l’histoire un peu avant ?
– Des personnages ridicules. Notamment celui de José Garcia, loin de l’esprit de l’oeuvre de Goscinny, ridicule et dépourvu d’intérêt (comme le très vieux druide du premier film).
– L’absence de gags. Le film suit un rythme mou, n’est jamais créatif. Evidemment sans réalisateurs de métier ni d’auteurs inventifs…
– La scène tirée de l’album Astérix et les Goths. En pleins jeux, des druides se réunissent (en Grèce ?!) pour faire étalage de leurs découvertes, mais Panoramix se fait enlever par les Romains. S’il connaissait l’existence de cette réunion, pourquoi le druide a-t-il suivi les héros juste « pour faire de la potion » ? On dirait une scène ajoutée pour servir le récit sans y avoir pensé avant…
– Le budget. Avec 78 millions d’euros, dont 20 pour la promotion et la pub, c’est le deuxième plus gros budget du cinéma français (après Le Cinquième élément). Pourtant avec 30 millions de moins, le film de Chabat était bien plus spectaculaire dans ses décors, ses effets spéciaux et même son casting. Tout cet argent n’a-t-il donc servi qu’à masquer un manque presque total d’imagination et de talent scénaristique ?

A l’occasion de la sortie du film, Albert Uderzo a créé une nouvelle couverture pour la BD rééditée chez Hachette Jeunesse. Un album making-of est aussi paru aux éditions Albert René (8,90€ également), contenant des photos, l’histoire du film et de nombreux détails de sa conception. Enfin, les éditions de la Martinière proposent pour 29€ un beau livre retraçant en 365 images cette superproduction, à travers ses répliques, ses coulisses ou ses anecdotes. Un bon coup marketing, réservé aux irréductibles fidèles du petit Gaulois…

S’il possède donc beaucoup de défauts dus à sa réalisation, sa vision n’est pas désagréable. Mais à vouloir viser tous les publics d’Europe et d’au-delà, Langmann oublie les particularités qui font d’Astérix un héros intemporel et typiquement français. Inutile donc de vous ruer en salle pour le voir, mais si vous aimez Astérix vous ne serez pas dépaysés. Un film qui vaut quand même mieux que ce que toutes les critiques en disent avec une médisance qui manque de neutralité…
Gatcha
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le 31 août 2012

Modifiée

le 31 août 2012

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Gatcha

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