Attention, rabat-joix entre dans la place. Et oui, après avoir (légèrement) défendu Dragonball Evolution qui m’avait bien fait rire pour sa débilité ambiante, me voilà à parler d’Astérix aux Jeux Olympiques. Le Astérix le plus détesté de la saga, plus encore qu’Au Service de sa Majesté, que je n’ai pas encore vu, mais ça ne saurait tarder.


Alors attention, deux choses, je ne voue pas une haine viscérale pour ce film. Et de deux...bah quand j’étais gamin, je l’ai attendu, je l’ai vu au cinéma, et je l’ai apprécié.


Je ne me souviens pas de la campagne publicitaire, mais tout ce que je voyais, c’est qu’on allait avoir un nouvel Astérix, que j’adorais la bande dessinée, que j’adorais le film d’Alain Chabat, que j’aimais légèrement Contre César (que j’ai beaucoup moins vu). Bref, j’avais huit ans, j’y étais allé avec ma sœur et ma grand-mère. Ma sœur avait aimé, j’avais aimé, ma grand-mère trouvait ça délirant (c’était son mot poli pour dire qu’elle avait trouvé ça nul, comme pour Alice In Wonderland, The Dark Knight Rises et Rango). Et franchement, moi, j’ai longtemps cru que le film avait été relativement bien apprécié par le public. Il m’a même fait découvrir Benoit Poelvoorde pour qui je voue un amour assez fou (alors que je l’ai vu dans très peu d’autres films).


Mais à froid, aujourd’hui, qu’est-ce que je pense de cet Astérix aux Jeux Olympiques ?


C’est long.…très long.… et surtout très laborieux.


Faut bien comprendre un truc, c’est que même si j’ai l’air de ne pas détester le film, je ne l’aime pas non plus. J’y trouve des choses que j’apprécie, certaines blagues m’ont fait rire, d’autres pas du tout, et certaines m’ont juste donné envie de me bourrer la gueule pour oublier.


En fait, j’avais l’impression d’être à un festival. Il y a beaucoup de grosses têtes, certaines que j’aime, d’autres non, beaucoup de bruit, beaucoup de choses, bref, un bon gros condensé bordélique. Et quelque part, il y a bien quelques trucs qui me plaisent, quand on balance autant de blagues et d’acteurs, impossible de ne pas être sensibles à certains.


A commencer par Poelvoorde. Je connais les conditions de tournage, je connais la détresse dans laquelle il a été et les conséquences que ça a eu sur sa vie personnelle, mais même en sachant cela, je l’aime vraiment beaucoup en Brutus. Contrairement à la majorité des acteurs qui ont l’air d’en avoir rien à foutre, il est un électron libre qui ne cesse de gesticuler dans tous les sens. Et comme je le disais, ça occasionne autant de bonnes choses que de mauvaises. J’adore voir Poelvoorde faire passer “envie de toi besoin de rien” pour de la poésie comme je déteste la séquence où il lance au javelot en étant dopé. J’adore l’entendre dire “avé papa” comme je déteste ses tentatives d'assassinat sur César. Et même si ce rôle lui a pesé et qu’il a très mal vécu ce statut, il porte à lui-seul le film, et malgré ses cabotinages, il fait du mieux qu’il peut et rien que pour lui, je serai prêt à revoir Astérix aux Jeux Olympiques.


Il peut d’ailleurs compter sur le renfort de certains acteurs, notamment Alexandre Astier qui, même si son investissement disparaît petit à petit vers la fin, nous offre quelques dialogues assez sympas. J’aime bien Franck Dubosc aussi, le faire jouer Assurancetourix est une bonne idée et son côté lourdingue lui offre certains passages amusants. Et puis évidemment, j’aime vraiment bien la séquence finale avec Jamel Debbouze, qui même s’il essaye de draguer de la pire manière Adriana Karembeu, nous offre quelques passages amusants avec Zidane et Tony Parker. Ça, ce sont de véritables choses que j’apprécie dans ce film et qui me font dire que tout n’est pas à jeter.


Par contre, le reste du casting est totalement à la ramasse. Là où je trouve Dubosc en Assurencetourix cohérent, Clovis Cornillac en Astérix, c’est un non, un refus, un veto immédiat. Pas que j’aime pas Cornillac, mais je le trouve absolument insignifiant sous le costume. Stéphane Rousseau cabotine dans son rôle de poète raté et sa romance est terriblement chiante. Gerard Depardieu a décidé qu’il n’en avait rien à foutre et il ne brille finalement que lorsqu’il évoque ses anciens rôles, Cyrano de Bergerac ou encore la scène de la gifle des Compères.


Le pire, ça reste quand même Alain Delon qui joue une caricature de lui-même. J’aime bien l’idée d’un César imbu de lui-même, se contemplant dans son miroir et scandant “Avé moi”, mais sinon, c’est un bide. Ses interactions avec Poelvoorde montrent son désintérêt total et malgré l’effort de mise en scène pour le rendre charismatique, évoquant parfois une figure divine ou celle du cow-boy dans sa première scène, jamais Delon ne se montre à la hauteur de la figure mythique qu’il se doit d’incarner. Il doit être à la fois César, mais aussi Delon, la légende qu’il a su forger au fil de sa carrière, et force est de constater que sur les deux plans, c’est raté. Quant aux autres caméos, inutile de s’y attarder, on entre plus dans le domaine de la figuration ou du coucou à la caméra d’un passant lors d’un JT qu’un véritable caméo humoristique.


Je m’attarde beaucoup sur les acteurs parce que je pense sincèrement que c’est le sel du film, ce qui constitue le véritable centre d’intérêt d’Astérix aux Jeux Olympiques. On sent bien que le film vie pour ses acteurs et que finalement, le reste n’a que peu d’intérêt. Les décors manquent cruellement d’identité, les effets spéciaux sont soit ignobles (les pectoraux de Brutus), soit complètement anecdotiques. Le scénario abandonne celui de la bande dessinée pour se limiter à une amourette insipide entre un gaulois lambda et la princesse sans émotion de Grèce. A part quelques idées comme les langues bleues ou l’interdiction de la potion magique, on retrouve très peu de l’œuvre originelle de Goscinny et Uderzo. Et même si en règle générale, je me fiche pas mal de la fidélité de l’adaptation, je dois admettre que là, c’est carrément faire régresser l’histoire de la BD avec l’intrigue d’Alafolix et Irina.


Enfin bref, oui, c’est un mauvais film, évidemment. Le rythme est bâtard, la majorité des acteurs sont mauvais et visuellement, rien ne marque la rétine ou n’attire un tant soit peu l’œil. Mais voilà, de là à le considérer comme un des films français les plus mauvais, non. Je préfère mille fois cet Astérix aux Jeux Olympique à un Visiteur La Révolution, ou Coco de Gad Elmaleh. Rien que pour Poelvoorde et les quelques blagues qui font mouche, j’arrive à me dire que finalement, on a quand même fait bien pire.

James-Betaman

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