Brutus aux Jeux Olympiques eût été un meilleur titre...

Je ne peux pas dire que je suis fan d'Astérix, j'ai dû en lire deux ou trois à tout casser même si j'ai poncé les deux jeux-vidéo sur Snes (Astérix puis Astérix et Obélix). Grâce à ces deux jeux-vidéo, j'ai eu un aperçu de l'univers du petit gaulois sans pour autant que je ne ressente l'envie ni le besoin de creuser plus loin.


Pourquoi donc avoir décidé de regarder Astérix aux jeux olympiques alors qu'il s'est fait détruire par la presse et par les spectateurs ? En voilà une bonne question...


Sur le papier, le synopsis n'envoie pas du rêve :



Astérix et Obélix doivent remporter les Jeux olympiques pour permettre au jeune Gaulois Alafolix d'épouser la Princesse Irina et lutter contre le terrible Brutus qui veut, lui aussi, la main d'Irina.



En clair, c'est une histoire convenue, classique... Ceci étant dit, le problème ne vient pas de là. De nombreux chefs d'oeuvre partent d'histoires aussi classiques et convenues...


Les têtes d'affiche de la distribution, quant à elles, laissent présager de très belles choses mais dans les faits, le bilan est bien plus contrasté... Détaillons un peu :



  • Astérix


Clovis Cornillac joue un Astérix vif et nerveux. Sur ce point là, ça marche... Il manque juste une chose dans le jeu de Clovis Cornilac : une connivence avec Gérard Depardieu. Astérix joué par Clovis Cornillac me semble plus crédible qu'Astérix joué par Christian Clavier (ou Edouard Baer) mais la relation Astérix/Obélix qui est la plus crédible est celle qui réunit Gérard Depardieu et Christian Clavier.



  • Obélix


Gérard Depardieu prenant les traits d'Obélix, ça parait logique et évident aujourd'hui mais si c'est si logique et évident, c'est parce que ça marche... Gérard Depardieu est parvenu à faire exister la personnalité d'Obélix qui n'est pas simplement gros et ronchon mais qui est quelqu'un de sensible, de subtile.



  • Brutus


Sur le papier Benoît Poelevorde, c'était l'un des meilleurs choix possibles... En pratique, il est très bon... Quand son humour est exploité à bon escient, ça marche mais quand il interagit avec Alain Delon, ça ne marche pas et c'est, hélas, l'essentiel de ses apparitions.



  • César


Qui mieux qu'Alain Delon pouvait être César ? Avant de voir le film, j'aurais répondu instinctivement "personne" mais en ayant vu le film, la liste s'allonge... Dans les faits, chaque comédien ayant interprété César avant Alain Delon (Alain Chabat et Gottfried John) a fait mieux qu'Alain Delon...



  • Alafolix


Stéphane Rousseau hérite d'un personnage surnuméraire. Il fallait probablement que ce personnage existe mais, dans les faits, il ne sert à rien, il n'apporte rien... Stéphane Rousseau n'y est pour rien, il est loin d'être mauvais mais son personnage est trop pauvre, trop mal construit pour être digne d'intérêt.


C'est là qu'on commence à comprendre le problème du film. Si la relation Astérix/Obélix ne marche pas, le film ne peut pas s'appuyer dessus. Si la relation César/Brutus ne marche pas, le film ne peut pas s'en servir. La seule relation sur laquelle le film peut vraiment s'appuyer c'est celle entre Alafolix et Irina mais cette relation-là, elle est trop pauvre pour justifier un film pareil.


Il y a bien une autre relation qui a été mise en lumière et celle-ci me pose bien des soucis. C'est la relation entre Assurancetourix et Francix Lalanix. Il y a un barde de trop. J'ai trouvé Franck Dubosc mauvais dans son interprétation d'Assurancetourix (j'ai eu l'impression de le voir imiter Pierre Palmade) alors que Lalanix était loin d'être aussi agaçant.


Le film ne peut pas compter sur son histoire, il ne peut pas compter sur ses personnages principaux, peut-être peut-il compter sur ses personnages secondaires ?


Brisons tout suspens : non ! Les personnages secondaires sont nombreux, trop nombreux pour exister. Jean-Pierre Castaldi apparaît deux secondes à l'écran... Jean-Pierre Cassel n’apparaît pas plus d'une minute alors que ce sont des comédiens, de véritable comédiens... Non, on va voir en long, en large et en travers Jean Todt et Michael Schumacher (Schumix que personne n’appellera Schumix)... Jean Todt est brillant comme co-pilote de rallye (vice champion du monde en 1981) comme team manager (il a mené Peugeot à la victoire en rallye, à Pike's Peak, au Dakar, en endurance puis il a conduit Ferrari à connaître une ère de domination sans égale alors) mais comme comédien, il est nul !!! Michael Schumacher est l'un des plus grands pilotes automobiles mais comme comédien, il est tout aussi nul que jean Todt...


Après les personnages secondaires insipides, on a les invités inexistants comme Amélie Mauresmo (Amélix), Tony Parker (Tonus Parker), Zinédine Zidane (Numérodis), etc. Les dernières minutes du film sont une succession de caméos sans intérêt et sans aucune utilité.


Comme le tableau n'est pas complet, il faut ajouter une tendance fâcheuse aux références... Pardon, je veux dire une tendance aux clins d'oeil appuyés, très appuyés... D'accord, appelons un chat un chat, nommons une bêche une bêche, ce film fait clairement dans le racolage sans aucune finesse, sans aucune subtilité, sans aucune nuance et, pire que tout, sans que cela n'apporte quoi que ce soit à la scène ni à l'intrigue.


Bref, ce film était très ambitieux, il avait les moyens de ses ambitions, et s'il mérite d'être vu, c'est pour trois raisons, les décors sont magnifiques (superbe travail d'Alain Guais et de son équipe), les costumes sont splendides (superbe travail de Madeline Fontaine et de son équipe) et la photographie est à tomber par terre. Je mets trois au film pour récompenser ceux qui ont été méritants et sans qui ce film n'aurait été rien d'autre qu'un immonde navet.

Lucas-Gaudichon
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le 27 août 2021

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Lucas Gaudichon

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