D'habitude, les films à sketchs se caractérisent par leur irrégularité, les récits pouvant aller du très bon au médiocre. C'est la force d' « Au cœur de la nuit » d'avoir évité cet écueil, proposant à la fois une série d'histoires souvent captivantes et bien racontées, ayant l'intelligence de garder à la fois une vraie cohérence entre elles tout en proposant un fil rouge autour duquel ces dernières sont construites, atténuant habilement cette notion de « film à sketchs ».
Chaque nouveau récit est excellent, presque totalement dépouillé d'effets spéciaux, cherchant plus à troubler, interroger qu'à vraiment faire peur. Réalisé par cinq cinéastes talentueux formant une cohérence parfaite, l'œuvre est aussi l'occasion de s'interroger sur la définition même du fantastique, comme l'avait fait précédemment Guy de Maupassant dans « Le Horla » : y a t-il vraiment intervention surréaliste ou tout ceci n'est-il que le fruit de l'imagination de nos héros ? Le scénario ne tranche jamais, se contentant de quelques pistes, réflexions pour éclairer le spectateur, libre de choisir ce qu'il préfère.
Bercé dans une ambiance du plus effet, élégamment photographié, non dénué d'humour (enfin, surtout sur un sketch « so british »), « Au cœur de la nuit » est une œuvre étonnante, singulière et source d'inspiration, sans doute parfois inconsciente, de futures références (je pense notamment au « Mannequin du ventriloque », où il est difficile de ne pas penser à « Magic »). Une grande réussite, se bonifiant lorsqu'on prend ensuite le temps de recenser tous ses bienfaits.