Cela faisait un bout de temps que je voulais le voir celui-là, mais l'occasion ne s'était pas encore présentée. C'est chose faite et je ne regrette absolument pas : quelle claque !


Le sujet me plaît, ayant moi-même une peur viscérale de la mort, du néant qui suit la vie. C'est ici assez bien exploité, sans en faire trop, d'ailleurs on ne sait pas grand chose arrivé à la dernière minute, on comprend juste que le cauchemar est terminé et qu'il vaut mieux embrasser la vie et l'amour avant de retourner poussière. Le personnage principal est bien caractérisé et bien exploité : son obsession sert vraiment de fil conducteur à l'intrigue. Les conflits sont présents, notamment par la présence de ses amis, le premier le soutenant, le second étant plus sceptique mais aussi par la présence de la petite amie qui, après l'avoir encouragé, lui conseillera d'arrêter. Ce ne sont pas des conflits insurmontables mais clairement cela joue un rôle, tout comme la position sociale (le héros devra quitter boulot et femme pour revenir à sa passion première, sa quête de la Vérité. En guise de relâchement à cette intrigue, on a droit à des séquences d'hallucinations : le ressenti face aux images, au contraire du relâchement scénaristique, fait monter la tension d'un cran. Le final est un peu bizarre, pas entièrement cohérent mais logique malgré tout, puisque l'opposition amour-vérité a été introduite assez vite et solidement. Cela fonctionne donc, mais ça n'empêche pas le spectateur de se plonger dans une profonde et pessimiste réflexion une fois le film terminé.


La mise en scène n'est pas entièrement réussie : parmi tous les effets visuels, on en trouve quelques-uns qui sont kitsch et cheap. Ken Russel parvient malgré tout à faire passer la pilule grâce à un montage homogénéisant tous ces plans. Ces séquences d'hallucinations sont de toute beauté, pour tout vous dire, y compris les passages moches et fauchés. Le découpage est globalement réussi : on sent que le placement de la caméra est parfois juste pensé dans un souci de pratique et d'économie mais le point de vue reste pertinent et l'image lisible. De plus, dès que l'action le nécessite, le réalisateur découpe plus nerveusement son action, mais toujours en gardant à l'esprit la lisibilité de la scène. Les effets spéciaux et maquillages fonctionnent dans le cadre du film : c'est-à-dire que le déguisement, par exemple, ne fonctionnerait pas dans un film contemporain, mais ici, avec les images kitsch passée au préalable, ça fonctionne. Et puis le monstre digne d'un film de Henenlotter, moi, ça m'a fait triper ! La transformation est également assez bien foutue. La musique joue son rôle pour malmener le spectateur dans cette ambiance lugubre. Et enfin les acteurs font tous du très bon boulot, que ce soit dans la sobriété (Bob Balaban) ou dans l'émotion (Blair Brown).


J'ai passé un excellent moment devant ce film.

Fatpooper
10
Écrit par

Créée

le 29 avr. 2017

Critique lue 488 fois

8 j'aime

2 commentaires

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 488 fois

8
2

D'autres avis sur Au-delà du réel

Au-delà du réel
Sergent_Pepper
7

Science et conscience vers l’abime de l’âme.

Le film d’épouvante sur les expériences scientifiques est un genre en soi, qui suppose un certain nombre de codes. A ce titre***, Au-delà du réel*** mérite une certaine distinction, notamment par sa...

le 22 mai 2015

31 j'aime

9

Au-delà du réel
-IgoR-
9

Bouillons

J’aime la rationalisation clinique de l’absurde qui sans mentir appelle Michaux (Henri) J’aime le suave parfum de la science qui n’a de sens J’aime la folie qu’on diagnostique J’aime la déglingue...

le 26 janv. 2015

23 j'aime

6

Au-delà du réel
pphf
7

Le singe est l'avenir de l'homme

Ken Russell à la croisée des chemins – Il n’a plus tourné de puis trois ans, depuis Valentino. Il ne le sait pas mais sa grande période est achevée – celle de ses grandes biographies délirantes,...

Par

le 30 déc. 2014

19 j'aime

5

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

121 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

115 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

103 j'aime

55