La figure médiévale du moine paillard a évolué avec le temps : l’âge classique a ajouté l’hypocrisie à la liste des défauts cléricaux, puis ce sont les simples croyants qui se sont vus dotés d’un caractère ridicule plus ou moins prononcé, et notre modernité prête désormais volontiers aux hommes d’Église l’un des pires vices qu’elle condamne, si ce n’est le pire. Cela pour dire que le thème de fond d’"Au nom du fils" — la pédophilie, donc, qui s’ajoute aux autres tares susmentionnées — est finalement un thème d’époque. (Il est stupide de voir l’ensemble des ecclésiastiques comme des saints, et stupide de s’imaginer que le viol sur mineur figure dans la formation des séminaristes, mais ceci ne concerne déjà plus le cinéma. Quant au rôle que joue le scandale dans le succès d’une œuvre, disons que le temps fait le tri…) Bref.
Ceux qui ont vu "Vampires" savent que le travail de Vincent Lannoo peut être très inégal. C’est encore le cas avec "Au nom du fils", qui hésite perpétuellement entre la charge bête et méchante façon "Hara-Kiri", la critique sociale façon Claude Chabrol et le drame façon Costa-Gavras — voir par exemple et respectivement l’appel aux bonnes volontés qui ouvre le film, ces scènes dialoguées dans lesquelles les prêtres s’efforcent de manipuler leur interlocuteur, et le face-à-face final. Que le réalisateur n’ait pas le talent pour mêler tout cela ou que les trois ingrédients soient de toute façon incompatibles, toujours est-il que la mayonnaise ne prend pas.
"Au nom du fils" manque donc de la ligne directrice qu’un scénario digne de ce nom aurait pu lui donner, d’autant qu’il est monté plutôt platement, que les cadrages sont sans brio, et que les acteurs peinent à habiter leur personnage — Philippe Nahon et Achille Ridolfi mis à part, qui n’ont certes pas les rôles les plus difficiles.
Alcofribas
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le 21 déc. 2014

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