Pour construire un récit d'apparence simple, il faut le nourrir de mille détails presque invisibles et faire preuve d'un sens de l'observation acéré. Limpide et lumineux, Au revoir l'été mêle naturalisme et veine Rohmérienne dans une fine chronique estivale aux accents mélancoliques.


La légèreté est ici affaire d'élégance mais répond également à une sorte de pensée positive qui semble habiter tous les personnages. Chacun d'eux est profond sans être lourd, léger sans être superficiel, passionnant par nature. Alors qu'on aurait pu craindre que les dialogues très présents rendent le film assommant, il n'en est rien. Simples et bien écrits, ils contribuent à la limpidité de l'ensemble.


Si le naturalisme presque mystique de Naomi Kawase pour Still the water est soigneusement travaillé, celui de Kôji Fukada est beaucoup plus brut. C'est ici l'art du cadrage, la prise de son et un montage subtil qui font respirer le film et créent les sensations prégnantes de l'été, la chaleur, le bruit des insectes, le son des vagues.


Tourné un an après la catastrophe de Fukushima, Au revoir l'été est aussi un instantané du Japon de ces dernières années dans la manière dont le drame est évoqué et dont les personnages et la société se l'approprient. Le sentiment de mélancolie qui habite le film n'y est sans doute pas étranger.


Porté par un casting lumineux, la délicieuse Fumi Nikaidô (Himizu, Why don't you play in hell ?) en tête, Au revoir l'été nous offre de nombreuses scènes en état de grâce, à l'image de cette marche le long de la voie ferrée, instant suspendu entre adolescence et âge adulte.

pierreAfeu
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le 19 août 2015

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pierreAfeu

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