Foutre dieu! Cela faisait longtemps que je n'avais vu aussi mauvais film! Une douleur dans l'anus qui n'en finit pratiquement jamais de dégouliner, sirupeuse, grasse et pestilentielle. On a droit à tous ces petits signaux qui clignotent de plus en plus vivement jusqu'à nous aveugler et qui expriment la médiocrité dans tous les domaines. Nous avons là tous les ingrédients du nanar : mieux vaut donc en rire. C'est le parti que j'ai pris. Je parie que beaucoup prendront celui d'arrêter les frais, mais c'est un réflexe que je n'ai plus que pour les bouquins. Je vais toujours au bout des merdes filmiques qu'il m'arrive de me mettre devant les yeux. Celle-ci, je la dois à ma femme qui a ramené cette chose de la médiathèque Fellini. Confiant, je ne pouvais deviner l'horrible calvaire qui allait suivre. Inconscient que j'étais!

Et vlan, d'abord, ce qui m'arrache l’œil, c'est le traitement numérique de l'image, quasi continu que ce soit pour masquer le tournage en studio, les ridules de madame ou cartepostaliser les paysages. Le film est censé magnifier ces derniers, or la plupart des séquences sont tournées en boite devant un fond vert (ou bleu). De plus, on a droit à toute la palette des filtres possibles et imaginables : à croire que tous les évènements qui touchent les personnages ne se déroulent qu'à l'aube ou au crépuscule. Si encore, c'était bien fait, mais les effets spéciaux sont très voyants et par conséquent très rapidement ils deviennent indigestes.

Mais encore, le pire est dans le montage ultra rapide et l'entrecroisement de séquences formant un magma d'images syncopées que j'exècre dès le départ. Tout ça sur... tenez-vous bien... 2h47! Ils sont fous! Un nanar, on peut l'aimer aussi parce que ça s'arrête à un moment raisonnable. Là, non, ça n'en finit pas d'étirer une histoire, d'un mièvre... mamma mia! Barbara Cartland peut aller se rhabiller. Chiantissime et tellement prévisible, on se coltine cette histoire sans qu'il y ait jamais la moindre surprise. Les lieux communs s'alignent sagement, imperturbablement, les uns après les autres et l'on se demande comment ils ont pu oser écrire un truc pareil à notre époque, comment des acteurs ont pu se dire que tout ce fatras scénaristique allait tenir la route. Qu'ont-ils à gagner tous ceux qui ont participé de cette ineptie? Je suis évidemment sur le cul devant l'inanité d'une telle production. C'est tout bêtement incroyable!

La musique de David Hirschfelder est à l'unisson : lénifiante, conventionnelle et d'ores et déjà passée aux oubliettes. Bien entendu, on a prévu de mettre de la culture aborigène, ça fait partie du folklore incontournable, à base de magie, de poésie naturaliste et autres clichetons. C'est bien simple, l'impression d'être devant une carte postale de l'Australie avec tout ce que cela comporte d'aspect promotionnel, de catalogage, de fausseté en somme, cette impression s'impose en continu et emporte tout possibilité de sauvetage.

Les acteurs sont des stéréotypes sur pattes. Les pauvres, ils sont sûrement les plus à plaindre! La botoxée Nicole Kidman (dieu que cette femme était belle et aurait pu être merveilleusement ridée! Quel gâchis bistourique!) est boursouflée d'émotions. Proche de l'hystérie. Quant à Hugh Jackman, pâle imitation de Crocodile Dundee et de Clint Eastwood, il joue au cow-boy sur fond vert, avec tout ce que cela a de pitoyable en fin de compte. Avec deux expressions constipées de tout le film, David Wenham n'a pas l'heur de nous offrir une prestation bien plus stimulante. En méchant basique, au contraire, il nous ennuie à mourir. Les acteurs ne parviennent donc pas à dégager une émotion réelle, toute simple, trop chargés qu'ils sont par la pompe de la mise en scène qui les submerge.

On en sourit, mais au fond, tout cela débouche sur quelque chose d'assez triste. L'absence de talent manifeste de bout en bout est éreintante. C'est officiel, le cachet de la poste faisant foi : Baz Luhrmann fait des films insupportables. J'avais déjà essayé "Moulin rouge", mais je n'avais pas eu le courage d'aller au delà de la demi-heure de ce dégueulement de brouhahas (avec je ne sais plus quel Rivette, ce sont là les deux films que je n'ai pas vu jusqu'au bout). Bref, ce cinéaste fait un cinéma lourd, empesé. Je crois bien qu'il fait partie de mon panthéon de cinéastes honnis, naturellement, comme si mon instinct de survie m'indiquait dans le creux de l'oreille que tout cela n'était pas bon pour ma santé cinéphile. Beuark.
Alligator
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le 26 janv. 2013

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