le 11 juil. 2018
courir avec des ciseaux
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En règle générale, les œuvres se nourrissant ou bâtissant toute leur démonstration sur le pathos, l’enlisement, la plainte gémissante des protagonistes me les brisent menues. Il faut un sacré talent dans l’écriture, dans le traitement de cette histoire, avec de tels personnages brisés pour produire au final une œuvre aussi prenante.
En effet, en dépit de nombreuses scènes plutôt lentes et un montage volontiers contemplatif, la série maintient l’attention du spectateur active sur chaque épisode. Le récit est d’abord intrigant, avec cette série de meurtres bizarres, puis avec ces personnages aux comportements pour le moins étranges.
Enfin, il devient poignant à mesure que l’on progresse à découvrir le mal-être de Camille, l’héroïne jouée par Amy Adams, que j’aimais déjà énormément et qui ici me laisse pantois d’admiration. Son personnage est riche à souhait. D’une complexité, d’une profondeur qui fait plaisir à découvrir, elle offre plein de surprises au cour de la saison. L’actrice fait preuve d’une généreuse capacité à lui donner toute sorte de nuances selon les situations. Aucun excès, tout en sobriété. Voilà pourquoi sans doute le pathos ne prend pas le dessus, ne dégouline pas et n’altère en rien la finesse du portrait. J’adore ce travail. Elle est bouleversante. Admiration.
Mais, par chance, elle n’est pas la seule à féliciter dans la distribution. Impossible de ne pas applaudir la performance de Patricia Clarkson. Elle aussi ne constitue pas une surprise, loin de là. Elle aussi nous propose un personnage haut en couleurs sombres, d’une rare complexité. Et elle le fait avec exactement ce qu’il convient de folie. Le rôle est effroyable. On sent de suite qu’il y a quelque chose de malsain et cela ne se dément pas. Au contraire, elle vient, peu à peu, ajuster par petites notes la finesse de sa prestation. Ce duo d’actrices peut à lui seul être considéré comme l’attraction principale de la série.
Je voudrais toutefois souligner le remarquable travail d’écriture. La série brosse un portrait hyper glauque de l’Amérique celle dont les mentalités arriérées, dégénérées laissent la société engluée dans des univers mentaux complètement pathologiques.
Cette thématique est tellement récurrente par ailleurs qu’on pourrait croire à de la redite maladroite, à ce que cela débouche sur une lassitude de la part du téléspectateur. Or, il n’en est rien. Outre le talent des comédiens, de la direction de jeu, de la réalisation toujours très sobre et juste de Jean-Marc Vallée, je crois qu’on doit tout cela en grande partie au scénario qui prend un grand soin à décrire les situations et surtout la psychologie des personnages, combien cette petite bourgade américaine est gangrenée par les frustrations sexuelles, les rapports sociaux de domination, toutes les hypocrisies endogènes. Tout ceci est écrit avec finesse et intelligence, sans excès.
A noter qu’on évite avec habileté, ce qui est très rare dans ce type de satire sociale, à y inclure les caractéristiques religieuses de la société américaine. Pour éviter de s’y attaquer frontalement? Pour éviter les clichés sur le puritanisme WASP de l’Amérique profonde? Je ne sais.
En tout cas, les auteurs parviennent tout de même à toucher au but et à décrire un monde nauséabond en déliquescence. Écriture très efficace. C’est vraiment ce que je retiens de cette série : elle arrive à dépeindre un univers extrêmement violent et cloisonné sans jamais ennuyer, ni donner de leçon de morale. Il y a un ton très sec, direct. Elle ne se moque pas non plus trop des personnages. Même les plus ridicules font plutôt froid dans le dos, en même temps qu’ils inspirent de la pitié. L’écriture reste saine, sans être non plus distante. J’ai beaucoup d’admiration pour cette oeuvre complexe, toujours en équilibre, entre morbidité et ennui qui ne tombe jamais dans ces précipices.
http://alligatographe.blogspot.com/2018/09/sharp-objects-season-1-vallee-adams.html
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Créée
le 4 sept. 2018
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