Un air de liberté. Léa Mysius filme l’adolescence, la quête d’indépendance d’une jeune fille de 13 ans victime d’une maladie des yeux, lui coûtant la vue peu à peu. Il s’agit d’un très beau film, aux influences de Tony Gatlif dans cette sorte de parcours initiatique qu’entreprend Ava, refusant l’enfermement. En effet, lorsqu’Ava apprend qu’elle va devenir aveugle sous peu, elle décide alors de tout faire pour ne dépendre de personne, et encore moins de sa mère, qu’elle aime autant qu’elle la méprise. Ava refuse d’exprimer son amour pour sa mère car elle veut autre chose, elle est dans une crise d’adolescence qui la rend froide et « sans cœur » comme le prétend sa mère. Mais Ava est extrêmement touchante, elle aime à sa manière, elle ne veut jamais montrer ses faiblesses, c’est aussi sa manière d’affronter sa maladie. Elle rêve de grands espaces, de l’amour impossible, et de partir le plus loin possible.
Elle rencontre Juan, tombe amoureuse de lui mais surtout de sa condition, celle d’un jeune homme seul, qui ne dépend plus que de lui-même et qui vit dans le danger permanent. Elle est attirée par cette vie indomptable, accompagnée de « Loupo », ce chien-loup qui l’aide à traverser sa maladie, ce chien avec lequel elle développe ces autres sens.
Ayant vu le court-métrage de cette même réalisatrice L’île jaune, on remarque que l’adolescence est son thème de prédilection. On y voit des similitudes, la jeune fille « sauvage » en quête de liberté qui rencontre un jeune homme mystérieux, de par son physique et son attitude, la mer et les vacances qui sont source d’évasion et de tous les champs des possibles. Alors que L'île jaune a un aspect beaucoup plus dramatique, Ava est plein d’espoirs, la musique reflète d’ailleurs très bien cette distinction entre les deux réalisations.
Sans aucun doute il s’agit d’un film réussi, cependant on peut y voir quelques défauts par rapport aux symboles en abondance, notamment dans les cauchemars d’Ava où les yeux sont désignés de toutes les manières imaginables. Aussi, le côté très poétique et la réflexion que peut faire Ava sur la vie, peut paraître condescendant, une adolescente avec un tel vocabulaire et une telle « vision » n’est pas tellement réaliste. Cela dit, ce n’est pas un problème, on suit Ava, on la comprend, on trouve ses mots exprimant ses maux d’une maturité et d’une beauté sans nom, et c’est cela que l’on retient. C’est la fraîcheur, le jeu de Noée Abita (Ava) et de Laure Calamy (sa mère), les images du jour chaud et de la nuit noire qui ont une importance particulière quant à la vue d’Ava, qui font de ce film une réussite, qui mérite d’avoir été sélectionné à La Semaine de la Critique de Cannes.

M_aiz
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le 30 juin 2017

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