Comme c'est drôle. La France vit, cette semaine, sous une canicule écrasante. Et voilà que je m'enferme dans un cinéma climatisé pour voir ce que je considérais de prime abord comme mon nouveau La Vie d'Adèle, la nouvelle coqueluche cannoise Ava, sur l'émancipation d'une adolescente pendant ses vacances.


Globalement, j'ai été très déçue. J'en attendais beaucoup, trop peut-être, mais j'ai vraiment ressenti une déception à la fin du film. S'il y a quelques scènes visuellement dingues (le presque western où Ava et Juan se peignent d'argile, la chanson Sabali d'Amadou & Mariam), l'intrigue est bancale et (caractéristique triste du premier film) Léa Mysius, pourtant diplômée de la prestigieuse Fémis, a voulu mettre trop de choses à mon goût dans Ava.


Si la première partie s'attèle, dans une volonté mi-naturaliste mi-onirique, à décrire les relations tumultueuses entre une mère (Laure Calamy, que j'ai découverte dans Dix pour cent et qui est parfaite dans ce rôle exagéré) et sa fille (Noée Abita, dont le jeu était, à mes yeux, parfois à la limite de la justesse, et dont la diction m'a immédiatement énervée) qui va devenir aveugle, la seconde partie s'acharne à nous obliger à revisionner un Bonnie & Clyde plus jeune, une sorte de trip d'évasion, puis à nous montrer de façon peu élégante, un mariage Gitan.


J'aurais donc préféré que l'histoire soit plus concentrée, afin qu'on s'attache plus aux personnages, notamment à celui de Juan, dont on ne sait finalement rien (la fin "ouverte" m'a d'ailleurs clairement laissée sur ma faim), et qu'on puisse apprécier les scènes d'Ava face aux autres. Si le film est plastiquement beau, avec un traitement des couleurs digne de Pierrot le fou, avec un décor estival rappelant les films de cette "nouvelle Nouvelle Vague", notamment L'Inconnu du Lac, il pêche par son fond qui dévalorise sa forme.


Je l'ai personnellement rapproché (un peu trop à mon goût) à un film basé sur le même schéma, dont les décors sont semblables et que j'ai, paradoxalement, adoré : Les Combattants de Thomas Cailley. Qu'il s'agisse de la plage, des scènes d'amour rythmées de musique vibrante, des deux personnages qui sont censés être différents au départ mais qui s'aiment au final (bien que, dans Les Combattants, le schéma dit "classique" du garçon brut et de la fille douce soit renversé) ou encore d'une deuxième partie de film qui isole les personnages, j'ai immédiatement fait le rapprochement. Manque de bol, j'ai préféré la version "trip dans la forêt à l'armée" à cette version plage & blockhaus.

CFournier
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Pérégrinations cinéphiles de 2017

Créée

le 21 juin 2017

Critique lue 2.4K fois

17 j'aime

6 commentaires

Coline Fournier

Écrit par

Critique lue 2.4K fois

17
6

D'autres avis sur Ava

Ava
CFournier
5

Forme > Fond

Comme c'est drôle. La France vit, cette semaine, sous une canicule écrasante. Et voilà que je m'enferme dans un cinéma climatisé pour voir ce que je considérais de prime abord comme mon nouveau La...

le 21 juin 2017

17 j'aime

6

Ava
JackMosby
2

Le pire du cinéma d'auteur français

Avec un générique sans musique ni images, Ava donne le ton : il sera un film aride. Le montage est très cut, les scènes s’étirent en longueur sans que rien ne s’y passe, et certaines d’entre elles...

le 24 juin 2017

15 j'aime

9

Du même critique

Ava
CFournier
5

Forme > Fond

Comme c'est drôle. La France vit, cette semaine, sous une canicule écrasante. Et voilà que je m'enferme dans un cinéma climatisé pour voir ce que je considérais de prime abord comme mon nouveau La...

le 21 juin 2017

17 j'aime

6

Juste la fin du monde
CFournier
9

Home is where it hurts

J'y étais préparée, enfin, je crois. J'ai vu tous les films de Xavier Dolan, et je les aime tous, certains plus que d'autres mais j'éprouve pour cette homme de 11 ans de plus que moi une fascination...

le 13 sept. 2016

13 j'aime