Avant le Déluge
7.2
Avant le Déluge

Documentaire TV de Fisher Stevens (2016)

Je ne suis pas trop client de cette vague de docu-drama écolo centrés à tendance culpabilisante...


Ce qui reste intéressant toutefois, c'est cette prise de parole sporadique qui pourrait laisser penser qu'il y a malgré tout une certaine prise de conscience... Mais je crains que cela ne soit peine perdue.


Cette critique n'en sera pas une, car ce film n'est pas un film. Une fois n'est pas coutume, je m'étendrai un plus sur le cœur du sujet plus que sur l'objet cinématographique.


Le monde, vous, moi agissons comme le fumeur qui ignore, ou balaie d'un revers de main, les statistiques concernant l'apparition d'un cancer car il faut longtemps avant que le mal s'installe, et souvent sans signes avant-coureurs. Et puis la maladie tombe. Une chimio, des rayons, une chirurgie et parfois la mort s'éloigne. Parfois non. La dégradation de notre environnement s'assimile assez bien à cette comparaison. La terre commence à tousser, à cracher du sang de temps en temps... pour combien de temps ? Peut-être parviendrons nous à la soigner. Peut-être pas.


Il est trois aspects de la question qui ne sont, à mon sens, pas suffisamment mis en avant.


Le premier c'est la surpopulation. En effet, les problèmes ne font que s'accentuer exponentiellement avec la multiplication des humains. J'ai 55 ans, et je me souviens, lorsque j'étais enfant, que l'on parlait d'une population mondiale de 2.5 à 3 milliards d'individus. Aujourd'hui, on parle de 6 à 6.5 Milliards ! En l'espace d'un demi siècle, la population a doublé. Tous ces nouveaux venus veulent profiter du monde, ou simplement se nourrir, s'éclairer ou surfer sur leur smartphone au volant de leur voiture... La problématique de base est claire.


Nous sommes trop nombreux et rien n'arrête cette courbe folle. Mais ne désespérons pas, un virus malin, ou un conflit généralisé auront tôt fait de redistribuer les cartes. C'est d'ailleurs la solution que mère nature (Mon dieu que j'abhorre cette expression !) applique lorsqu'une espèce devient envahissante et dangereuse pour son environnement. Nous autres, humains, avons bien expérimenté cette voie, la peste noire, les guerres mondiales, la grippe espagnole pour ne parler que d'elles. A quand la prochaine ? A moins que le hasard, fruit du dessin d'un quelconque architecte ne vienne nous envoyer du ciel un caillou un peu plus grand que d'habitude qui règlerait le problème une bonne fois pour toute. Jusqu'à la prochaine espèce dominante.


Le deuxième aspect, c'est l'infinie cupidité qui gouverne ce monde. J'adore le titre français de l'essai de Joseph Stiglitz; "Le triomphe de la cupidité". Tout est dit.
Sur les ruines d'un monde en déliquescence où toute monnaie aurait disparue, il y aurait encore des êtres pour vous VENDRE l'eau qui vous manquerait pour survivre ! La récente élection de Donald Trump démontre si besoin est le chemin qui reste à parcourir, lui qui n'a de cesse que de détruire le fragile édifice environnemental, entre autre, auquel avait participé Barrack Obama. Le mal est pervers, car c'est aussi cette cupidité qui a conduit le monde à progresser. Le pognon reste malgré tout le fuel le plus puissant pour libérer des énergies. Le pognon, toujours plus de pognon ! Jamais l'humanisme ou l'humanité.


Nous avons mis tellement d'efforts à progresser dans le domaine de la technologie, que nous avons oublié l'humanité. L'Homo Sapiens du XXIeme siècle est, dans sa tête, en tous points identique à celui qui vivait dans les cavernes, sans chauffage, sans TPMP, sans smartphone, sans automobile. Seule différence, son espérance et ses chances de vie étaient tellement brèves qu'il n'avait pas le temps de faire de bêtises. Et puis, ce n'est pas avec quelques milliers, puis millions d'individus qu'il pouvait faire grand chose.


Le troisième est que notre modèle est intrinsèquement basé sur la croissance. Croissance de notre richesse, croissance de notre bonheur, croissance de notre temps libre, croissance, croissance, toujours croissance. La croyance, peut-être justifiée d'ailleurs, que tout système qui ne croit pas, végète, stagne, décroit et finalement disparait est tellement ancrée dans notre mode de pensée que le chemin est compliqué pour établir une alternative à ce qui a été le moteur de l'humanité et le chemin est long pour mettre en pratique cette pensée de Saint Augustin; "Le bonheur, c’est de continuer à désirer ce qu’on possède"


Nous sommes finalement une espèce qui a trop bien réussi et qui détruit le corps qui l'abrite. Pas si différents du principe d'un bon vieux cancer finalement.


Fin de l'épisode désespéré/ant.


Revenons au film. Alors oui Léonardo Di Caprio. Mais si c'est le vecteur choisi par Ban Ki Moon pour témoigner, ce n'est ni du sensationnel, ni du spectacle. C'est simplement une tentative désespérée d'atteindre la conscience du plus grand nombre, car le plus grand nombre prêtera plus attention à LDC qu'à n'importe quel sage inconnu. Génération Facebook et Twitter...


Et puis quoi ? Quand l'immense majorité de la population a pour préoccupation principale de savoir ce qu'elle mangera, si elle mange, le lendemain, il est tout à fait ridicule d'espérer une quelconque prise de conscience sur l'avenir de la planète, fût-il pour dans 20 ans, alors que d'ici là, ils seront, soit morts de faim, soit de maladie, soit de soif.


Tout cela n'est en définitive qu'une problématique de nantis, dont je fais partie.


EDIT: Depuis cette critique, Trump a annoncé sa decision sur l'accord de Paris... Tout est dit !

shanghai
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le 1 mai 2017

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