Belgique, 1885 :
( le paragraphe qui va suivre est à lire avec un fort accent, façon Jacques Villeret dans Le Diner de Cons )



- Tu sais, Goossens... Stanley est allé et revenu du Congo, une fois.

- Ah ça oui, Heineken, je le sais !

- Il y a trouvé des ressources inépuisables, là bas, vieux !

- Ah ça c'est sûr ! Tellement que je me demande si on pourrait pas se les approprier, n'est-ce pas ?

- Mais tu as tout à fait raison, Goosens ! On pourrait y aller avec notre armée, et leur péter la gueule pour prendre leurs diamants et leur or, ça dis-voir !

- Oh non, ça te faut pas faire, hein ? On devrait trouver une solution pacifique et humaine de chasser les indigènes, une fois.

- Ah mais c'est que tu me donnes une idée, tu sais, vieux !

- Et quelle est-elle, Heineken ?

- Tu vas aller là bas, et te déguiser en nègre, une fois !

- Mais comment ça ?

- Tu vas là bas, tu apprends leur langage et leurs coutumes, comme ça après on pourra leur dire de déguerpir à leur manière !

- Mais c'est que tu es un génie ! Le Bon Roi Leopold le deuxième sera rudement content, n'est-ce pas ?

- Mah ça c'est sûr !

- Allez, je t'offre une bière, Heineken !


Vous l'avez compris, le postulat de base me semble complètement con. La SF est un genre noble, qui use du décalage d'un monde alternatif pour mieux parler de celui dans lequel on vit... Et là James me donne l'impression de se lancer dans une fable qui n'a pas franchement lieu d'être. Je vous assure que si on colonise l'espace, on va pas se soucier des autochtones plus de 5 minutes s'ils sont assis sur un minerais qui se vend vingt millions le kilo !


Fort heureusement, le film parvient à transcender cette bévue manifeste, en s'éloignant suffisamment de cette comparaison (qu'on fait plus souvent avec Pocahontas que Tintin au Congo...) au profit d'un axe de lecture bien plus intéressant.
Les militaires symbolisent l'homo-sapiens dans ce qu'il a de plus matériel : une foi inébranlable en la technologie, un rapport à l'autre exclusivement intéressé, bref, une bande de sales enculés.
Les Na'Vis quant à eux, ne sont qu'émotion. Neytiri, par exemple, réagit instinctivement et immédiatement à tout ce qui lui arrive. Ça la rend vraiment extra-terrestre. Du rire aux larmes à la colère en 27 secondes, chez elle c'est possible.


Et loin de céder au manichéisme qu'on lui reproche, James Cameron ne cherche pas à démontrer que c'est mieux d'être Na'vi... Les Na'vis c'est des pauvres hippies débiles qui ne prévoient rien au delà du lendemain, voire des prochaines heures.
C'est pourquoi il est intéressant de noter que les personnages qui trouvent grâce à ses yeux sont les gens du programme Avatar. Ceux qui parviennent à communier avec la nature tout en conservant les bénéfices de leur technologie.
Curieusement, c'était déjà un des messages de Ponyo, la même année... Grande est l'influence de Miyazaki ! ( les hélicoptères militaires ressemblent à s'y méprendre à ceux de On Your Mark et j'ai même vu un gros bout de Princesse Mononoké : on dépose des gens auprès d'un arbre sacré pour que le plus haut représentant de la faune/déité locale décide de la vie ou de la mort... )


Du coup, si des gens rejettent le film sur des bases idéologiques (que ce soit du contenu ou de l'écriture même), mon vrai problème est d'ordre ciné-historique.
Quand Cameron faisait coup sur coup Abyss et T2, il a ouvert la voie sur ce que serait le cinéma à grand spectacle pendant les dix prochaines années... Là, il m'a l'air de faire le point sur les dix années passées. Pour lui qui n'était pas là c'est sans doute intéressant, mais moi j'étais dans les salles obscures tout ce temps ! J'en attends trop ? Bah fallait pas nous laisser tout seuls pendant 12 ans, James !


De même pour la 3D, je suis désolé mais c'est non.

Une chose est évidente : tout comme le cinéma parlant a changé nos méthodes narratives et de direction d'acteurs, la couleur notre rapport aux contrastes et à la pose de la lumière, le cinémascope le cadre... la 3D nécessite des ajustements !

Par exemple, il y a des choses qui ne marchent pas :



- Un changement de focale, beurk.

 - Un changement de point, non !

 - Une sortie de champ en diagonale, surtout pas !



James Cameron n'en tient pas compte, et il filme comme si la 3D ne bouleversait en rien le cinéma. J'ai lu dans une interview qu'il voulait "sortir les films en 3D du ghetto de l'animation et des films d'épouvante" mais si c'est pour lorgner autant vers la japanimation, je comprends pas bien le délire.


Certains de ces défauts sont gommés en IMAX (vu que le cadre offre plus d'image en haut et en bas) et le film propose malgré tout une horde de tours de forces dans la précision de mise-en-image qui sont plus que satisfaisants. James Cameron découpe son film comme si livrer des money-shots ne l'intéressait plus : tous les plans en sont ! Un simple plan de pieds nus qui foulent la terre est aussi impressionnant que les centaines de bestioles qui ridiculisent les hélicoptères d'On Your Mark... Ses utilisations du procédé souvent nauséeux 'ralenti-acceléré' sont toutes pertinentes et vraiment dynamiques...


Donc même si le film ne contient pas vraiment ce que je me sentais en droit d'attendre, il finit par devenir une illustration primale et quasi-exhaustive de ce qu'un film à grand spectacle doit fournir !


mikeopuvty
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le 9 nov. 2011

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Mike Öpuvty

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