Anti-américanisme écologique...
Succombons à la tentation, et entrons dans les salles obscures pour y découvrir la révolution du moment : Avatar!
Après les pleurs du Titanic, les frissons d'Aliens le retour, l'oppression d'Abyss, James Cameron revient à l'attaque avec son Avatar. Autant dire qu'on ne peut sortir des salles indemne...
Tout d'abord, parlons du scénario... Avatar nous narre la colonisation impérialo-capitaliste de la société américaine de l'an 2154. Les marines sont envoyés sur Pandora, afin d'y récupérer de l'unobtanium (minerai très rare, pouvant résoudre la crise énergétique sur Terre). L'être humain a décidé d'exploiter les richesses minières de l'espace. Problème sur Pandora, les ressources sont situées sous un arbre géant, résidence principale des Omaticayas. Ces Na'Vi refusent de se laisser exploiter par l'envahisseur, et résistent. Les terriens, en attendant de les chasser de force, adoptent une solution plus pacifique et rusée : ils créent le programme Avatar. Il consiste tout bêtement à créer des copies presque conformes du peuple de Pandora, de s'immiscer et s'intégrer dans leurs tribus, afin de leur demander gentiment de s'en aller. Sympa, non? Retenons aussi la réplique du film, celle qui fait le chef-d'œuvre : Je te vois (I see you en VO). Là, on est passé à quelques centimètres du ridicule (Tag, you're it)...
Le topo est fait, entrons dans le vif du sujet...
Le scénario est la chose à ne pas retenir du film : les situations sont toutes prévisibles (quelle fin!) et les personnages sont des caricatures triviales vues et revues! Cependant, il est très ancré dans l'actualité : l'histoire est le reflet de la guerre du pétrole. A l'instar des Etats-Unis qui persiste avec sa guerre en Irak (la deuxième réserve mondiale de pétrole), les Marines d'Avatar s'en vont à Pandora pour l'unobtanium! Dans cette optique, il eusse été drôle de la part des USA d'envoyer des agents en Irak, en immersion totale, afin de convaincre le peuple irakien de quitter ses terres pour qu'on puisse les dépouiller, non?
La représentation des Na'Vi
Un Na'Vi, comme son nom ne l'indique pas, est perçu par les humains comme un être primitif. Prenant exemple sur les indiens d'Amérique (attention, film anti-américaniste!), il combat l'envahisseur avec un arc et des flèches, et chasse. Très proche de la nature, il vénère les arbres, la faune et la flore. Son esprit est connecté directement à la nature, par un acte de symbiose quasi-sexuelle. D'un point de vue physique, il est très grand (sa taille atteint les trois mètres), et sa structure osseuse est renforcée par du carbone. Ces caractéristiques sont le fondement du message du film. James Cameron a voulu à travers son Avatar nous faire ouvrir les yeux sur le comportement humain, l'importance de l'écologie. Il déclare d'ailleurs : "Avatar est un film engagé, qui s'ouvre et se ferme sur l'image du héros en train d'ouvrir les yeux. C'est le message du film : il faut ouvrir les yeux. Protéger l'environnement". La construction physique des Na'Vi prend alors tout son sens : ils sont plus grands car ils ont compris leur rapport à la nature, leur peau est bleue pour nous signifier l'importance de l'océan, nous rappeler le réchauffement climatique qui nous guette... Un film alarmiste au demeurant, d'autant plus accentué par l'image qu'il donne de l'homme.
L'être humain, destructeur de la planète
Pourquoi nous fait-il ça, James? Il nous décrit comme des monstres insensibles, idiots et inconscients! Le paradigme de cette vision dégradante est la scène de destruction de Kelutral, l'arbre sacré. On prend une énorme claque, visuelle d'abord, et psychologique ensuite. Derrière le divertissement, la réflexion. Sommes-nous conditionnés par la société à devenir ces futurs et hypothétiques malfrats anti-naturel? Deviendrons-nous des robots, à l'image du colonel Quaritch se glissant mécaniquement dans sa peau d'acier? Cette œuvre monumentale espère nous convaincre qu'il faut bouger les choses, avant de perdre le contrôle de la planète, notre contrôle.
L'essence du cinéma
Avec Avatar, on retrouve la nature-même du cinéma (paradoxe?), telle que nous la décrit Panofsky dans son texte Style et matériau au cinéma. Le septième art est un progrès technique (vive l'avènement de la 3D), enchantant et magique, mais populaire avant tout.
Oui, le cinéma est un divertissement! On y retrouve de nombreuses références à des films ayant fait le succès (pécuniaire) des salles obscures. Ainsi, certaines scènes vous rappellerons Star Wars,d'autres Aliens, Jurassic Park, Titanic... Oui, car Cameron a aussi un côté mégalo, et n'hésite pas à s'auto-référencer.
Mais derrière ça, il y a un amour certain du cinéma, et de l'image. Autant dire qu'Avatar est une véritable claque visuelle de deux heures quarante et une minutes. La 3D relief, qu'on aime ou pas, nous fascine. Les décors sont majestueux, les couleurs sont incandescentes et criardes (mais jamais superflues), les effets spéciaux exceptionnels subjuguent... Avatar est le film à voir au moins une fois dans sa vie, mais pas plus...
Le cinéma a une fonction sociale intrinsèque, qui façonne le comportement des gens. Cameron l'a bien compris, et mise sur cet aspect pour faire bouger les choses. Là où Michael Moore a échoué, Cameron réussira-t-il? Verdict dans 144 ans...