J'entends souvent parler de films majeurs et mineurs dans la filmographie des frères Coen. Jusqu'ici je n'avais vu que des œuvres considérées comme majeures (O'Brother, Fargo), et je crois bien que Ave César n'en fait pas partie.
Pourtant, le film partait vraiment bien. Le début multipliait les hommages intelligents, bien marqués mais pas trop appuyés non plus : l'introduction du personnage principal façon film noir, les couleurs évoquant le Technicolor, les décors en carton-pâte sur le plateau de tournage du péplum... Puis progressivement l'ensemble devient plus critique envers le système hollywoodien. L'ennui, c'est que rien ne m'a paru neuf, tout ce qui est présenté je l'avais déjà vu ailleurs. Par exemple, l'actrice souriante qui se révèle être une garce et le jeune cow-boy qui est catastrophique dès qu'il ouvre la bouche sont tout deux issus de Chantons sous la pluie. On peut voir cela comme un hommage supplémentaire, mais quand le film ne propose rien d'original à côté, ça fait un peu tache.
La multiplication des personnages est au cœur de ce problème. Chacun incarne un aspect négatif d'Hollywood, mais leurs apparitions sont tellement courtes qu'elles n'ont pas le temps de développer quelque chose correctement, au final c'est plus anecdotique qu'autre chose. Le point central du scénario, l’enlèvement, n'est pas non plus très pertinent. Après la révélation des motivations des kidnappeurs (franchement excellentes), le film se désintéresse complètement de cette intrigue et la traite comme une farce. L'idée est loin d'être mauvaise, mais il y a quelque chose dans le traitement qui ne fonctionne pas. J'ai l'impression de voir les malfrats brasser du vent jusqu'à ce que l'intrigue se conclue dans l'indifférence générale.
Dans l'ensemble j'ai apprécié le visionnage, les Coen savent filmer et réalisent quelques scènes sympathiques, notamment celles qui sont chorégraphiées, bien qu'elles ne dépassent pas le stade du divertissement. Mais je trouve que ce Ave César est bridé par son trop grand casting, son envie de trop en faire, ce qu'il fait que rien n'est parfaitement aboutit, que ce soit la représentation des studios des années 50 ou l'humour parfois hésitant. Mais bon, j'ai vu George Clooney en jupette, je ne vais pas me plaindre.