D’une entreprise multimilliardaire qui tue son gagne-pain afin de construire une histoire éprouvante, voire tragique, on pourrait louer l’audace exemplaire, au point de l’ériger en modèle pour l’industrie du blockbuster. Or ce n’est pas réellement ce qui se produit dans Avengers : Infinity War.
D’une part, la mort annoncée de nombreux héros est d’abord le prétexte à un ménage dans les contrats des acteurs (vieillissants ou plus assez intéressants) et dans la myriade de personnages (clairement trop nombreux, et amenés à l’être toujours davantage). C’est un défi intéressant – le risque de perdre les fans des personnages tués – mais qui vaut mieux de toute manière que de décevoir en les laissant mal vivre.
Ensuite, on ne croit qu’à une partie de ces morts, grosso modo toutes celles qui surviennent avant le claquement de doigts final. La vague finale de disparitions concerne des personnages trop récents, trop importants, bien au-delà l’annihilation commode d’une arrière-garde ayant apparemment épuisé tout intérêt, de sorte que l’on se doute bien que le Gant de l’infini sera remis à contribution pour en ressusciter au moins quelques-uns (sans compter l’existence de plusieurs personnages capables d’altérer la fabrique de la réalité). Manifestement, Marvel a voulu choquer son public, mais c’est bien le contraire qui se produit. L’effet aurait été autrement plus réussi si toutes les morts avaient été crédibles, et si on ne s’attendait pas simplement à un de ces rembobinages dont les haters de comics se moquent allègrement.
C’est qu’Infinity War assume pleinement le fait d’être un film de super-héros au sens où tout le monde l’entend, connaisseurs et néophytes, fans et haters, et il ne recule ainsi devant aucune facilité.
La suite de ma critique ici : https://vonguru.fr/2018/05/09/avengers-infinity-war-lavis-de-la-redac/