Sacré mistral !

Ce film m'embête au plus haut point, voyez-vous. J'ai l'habitude de cracher sur le cinéma français qui à mon sens tourne en rond et se répète. Des comédie grasses et/ou populaires, des drames familiaux où même les animaux de compagnie rêvent de s'ouvrir les veines, des comédies romantiques très calibrées et jamais originales, des films d'auteur prétentieux et soporifiques. Voilà à quelques exceptions près ce que produit le cinéma français à la pelle chaque année. Quid de la SF, du fantasy, de l'horreur, ou tout simplement de sujets originaux et inédits ? Bref, Avis de Mistral s'inscrivait pour moi dans cette lignée de films plein de bons sentiments très français comme il y en a plein.
Et force est de constater que j'avais absolument raison. Problème : j'ai adoré ce film. Le mistral-titre a vraisemblablement balayé mon argumentaire venimeux contre le cinéma hexagonal, du moins pendant deux heures. Alors, autant s'en débarrasser tout de suite, oui, ce film a des défauts. Un défaut, en fait. Il est surtout rempli de clichés, que ce soit sur le sud de la France ou sur les jeunes, bien que dans les deux cas il y est une indubitable part de vérité. Le fait que ce côté cliché soit tolérable (contrairement à dans un film comme Les Trois Frères 2) ne justifie pas néanmoins mon enthousiasme pour ce film.

Premier point : la bande-son. Les musiques sont parfaitement choisies, et elles interviennent en parfaite symbiose avec les émotions qu'on veut nous transmettre, si bien qu'on pourrait avaler des tartines de bons sentiments sans que ça devienne gerbatoire. De « Sound of Silence » de Simon & Garfunker à du Colplay, en passant par les chansons chantées par le personnage de Hugues Aufray dans le film (dont Knocking on Heaven's Door, chanté avec un accent à faire s'immoler un anglais, mais qui reste émouvant dans le contexte de la scène), toutes les mélodies entrent en résonance avec le film, ce qu'il montre, ce qu'il transmet.

Deuxième point : les acteurs. Jean Reno est juste, c'est une évidence. Mais le point le plus positif ce sont ces jeunes acteurs qui permettent de rêver à un renouvellement salutaire du cinéma français à l'avenir. Chloé Jouannet, fille de Alexandra Lamy. Hugo Dessioux, ou Hugo tout seul, pour ceux qui le suivent sur Youtube, lui l'ancien partenaire de Norman dans Le Velcrou. Tous deux jouent à merveille. Pour Hugo, cela fait particulièrement plaisir, car avec cette nullité de Pas Très Normales Activités avec Norman, j'avais perdu l'espoir d'une vraie passerelle entre le monde du potcast et celui du cinéma. Espoir retrouvé. En fils de, il y aussi Tom Leeb, fils du Michel éponyme (Oui, celui qui imite le bruit du moustique ou encore le chinois. Oui, celui qui n'est plus drôle depuis trente ans, c'est ça.), qui lui par-contre n'a rien d'extraordinaire dans son jeu. Impossible d'oublier ma mention spéciale à Lukas Pélissier, le gamin sourd-muet, aussi bien dans le film que dans la vie, qui arrive à être attachant et bouleversant rien qu'avec des gestes, des attitudes, le langage du corps.

Enfin, la réalisation est bonne, le scénario aussi, les images du sud sont belles. Bref, rien à signaler de mauvais de ce côté-là non plus. Si le film n'avait pas été bon, j'aurais passer les trois derniers paragraphes à cracher sur les défauts du film. Le film est bon, je les ai oublié pour me concentrer sur ses qualités. Parfois, il faut ravaler sa bile et admettre que certaines exceptions sont là pour nous montrer qu'on a parfois tort.

Et dans ce cas, ce fut avec le plus grand plaisir.