Fable sur le respect de l'autre et les préjugés, le nouveau film d'animation de Michel Ocelot (Kirikou) éveillera les enfants sur une autre culture et émerveillera les plus grands par ses graphismes colorés.
«Mon secret, c'est que je ne fais jamais de films pour les enfants, car les enfants n'ont rien à faire de films qui sont pensés uniquement pour eux» avance Michel Ocelot. Mais les bambins constituent aussi le public le plus impitoyable, bien plus que les plus féroces critiques des revues spécialisées. Et à voir leurs sourires et leurs yeux grands ouverts à la fin de la projection, le film est sans conteste une réussite. Les adultes eux se sont laissés bercés par ce joli conte féerique, même si le dénouement final, trop bien pensant, leur a laissée un sentiment bizarre.
Le cinéaste reconnaît être «parti d'une envie morale et contemporaine». L'idée de départ était de suivre deux amis appartenant à des communautés en guerre. Pas une bataille déclarée mais une animosité ordinaire. Finalement le choix s'est porté sur les civilisations occidentales et islamiques durant le Moyen-Age. Une fois le sujet cerné, le cinéaste a développé l'univers esthétique du film. Une vraie merveille.
Cet univers visuel riche permet d'éclipser les quelques faiblesses scénaristiques. Certains dialogues un peu plats interpelleront les spectateurs les plus âgés. Mais ceux-ci se sentiront aussi perdus que les enfants lors des passages en arabe non sous-titrés. «J'ai pensé dès le début à l'obstacle des langues, car je voulais montrer l'état d'émigré, où la barrière du langage est une difficulté majeure» explique Michel Ocelot. L'effet est plutôt réussi.
Les chants doux contrastent avec la voix raillée de Patrick Timsit, donnant la parole à un guide roublard, qui passe son temps à critiquer le pays qui l'a accueilli. «J'avais donné comme indication «On ne cherche pas des vedettes, on cherche les voix qui correspondent à l'histoire. Quand c'étaient des gens connus, je ne le savais pas, car je faisais le premier tri à l'aveugle, sur enregistrement, pour ne pas me faire influencer par autre chose que par la voix, seul élément que j'utiliserai». Pourtant la voix de Timsit est reconnaissable... Quoi qu'il en soit, le résultat est étonnant. A l'image d'Azur et Asmar.