Ce « Baby Boss » souffre du principal défaut des productions Dreamworks, un manque crucial de soin et de finition dans les détails, et les aboutissements. Si l’idée et le sujet sont intéressants, l’œuvre dans sa globalité donne un étrange sentiment de bâclage, comme si l’équipe de production ne visait pas l’excellence, mais la facilité. C’est d’autant plus dommage que le contexte était prometteur, le scénario aurait pu faire de ce film un grand film, en faisant preuve de plus d’ambition et de passion.
Malheureusement, Dreamworks étant ce qu’il est, le studio se contentera d’un résultat quelconque, sans prétention, malgré le grand potentiel de l’idée de base.
L’animation est d’ailleurs à l’exemple du reste, et semble régresser techniquement. C’est beau, mais ce n’est pas à la hauteur des autres films animés de l’époque (et je ne compare pas seulement avec les films des studios Disney). Lisses, fades, les visages des personnages ont un aspect plastique, les animateurs tombent dans le piège de la 3D, une difficulté que les animateurs ont surpassée depuis longtemps, semblait-il, apparemment non. On a ici l’affreuse impression de retrouver les défauts techniques d’un « Toy Story » premier du nom (sauf que 20 ans séparent les deux films, et que pour le coup les personnages de Toy Story sont en plastique, en ce qui les concerne il s'agit de jouet). Excepté les visages, trop sommaire, le reste de l’animation est plutôt satisfaisant.
L’histoire est intéressante, mais ne développe pas suffisamment les aspects attrayants de l’intrigue. Trop de choses sont laissées à l’imagination du public, et ne sont pas expliquées. Le fait que le bébé porte un costard aurait pu me satisfaire s’il ne s’agissait que du fruit de l’imagination de Tim, mais dès lors que l’on apprend que les parents observent aussi ces particularités, le film perd aussitôt en crédibilité, et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres qui tend à pointer du doigt le manque de cohérence et de logique de l’histoire.
C’est essentiellement le problème de l’œuvre. On n’y croit pas. Rien n’est plus terrible qu’un film fantastique (car il s’agit de cela au fond) qui n’est tout simplement pas crédible. Pourtant les auteurs avaient une autoroute devant eux pour justifier les aspects extraordinaires de cette aventure, notamment avec l’imagination dévorante de Tim, qui est exploité, mais d’une manière absolument maladroite. Il aurait fallu que cela soit fait dans des moments clefs (comme dans la série « Les Razmoket », par exemple). Tout serait tombé sous le sens, si ce « Baby Boss » venait au monde d’une manière conventionnelle et que seul Tim se le représentait comme un homme d’affaires. En somme, le contexte manque de cohérence, de garde-fou pour ainsi dire. Le film se perd tout seul dans son opacité. Le contexte n’est pas maitrisé alors que le sujet, lui, tient la route. Un déséquilibre frustrant pour le téléspectateur.
L’humour, en revanche, a fonctionné sur moi. J’ai même ri de bon cœur lors de la séquence du vomi (la réplique « ho non ! vous en avez pris dans la bouche » m’a fait éclater de rire, ce qui démontre que je suis plutôt bon public).D’une certaine manière, le film m’a divertit mais je regrette son manque de finition. Ce n’est pas une franche réussite, je dirais même qu’il s’agit d’un film facile, aux inspirations évidentes, mais qui n’est pas dénué de sens et de messages.
Si seulement Dreamworks pouvait revoir sa ligne de conduite et nous proposer des œuvres mieux pensés, plus abouti, il deviendrait un studio encore plus remarquable, mais malheureusement, tant qu’il stagnera dans la parodie et la paresse, il demeurera dans l’ombre des géants.
J'aurais pu attribuer dix étoiles à ce film, si seulement il avait été mieux pensé, c'est un réel gâchis. Dommage !
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