Qui sur cette planète pourrait dire du mal d’Edgar Wright ? Catégoriquement : personne. Ses films ne se valent pas tous, mais il est évident que c’est un réalisateur qui aime le cinéma et qui tente de donner le meilleur de lui-même à chaque reprise. Par conséquent : sa bienveillance est communicative.


L’autre truc avec Edgar Wright, c’est qu’on dirait parfois du Joe Dante, en un peu plus poussif. Il aime le cinéma et il aime le faire savoir. Dans Baby Driver, les références pleuvent comme la gomme s’étale sur le bitume, comme les balles pleuvent, comme les exécutions sanglantes (OKÉ C BON ON A KOMPRI). Parce qu’en fait, avec Baby Driver, il faut se dire qu’on obtient aussi la meilleure adaptation de Grand Theft Auto : la parodie et le cynisme en moins (soit 50% de l’ADN du jeu).


Comme Edgar Wright, l’adrénaline est communicative, galvanisante. Les personnages répondent à des archétypes qui ne seront jamais déconstruits, puisque ce n’est pas l’objectif. Non, le but, c’est de créer des situations, une progression logique de la narration, là où de nombreux films du genre échouent lamentablement. Raison pour laquelle le film ne s’essouffle qu’à de rares occasions. Le rythme est maîtrisé et il n’y a rien de suffisamment con et illogique pour rappeler au spectateur qu’il est simplement en train de regarder une… fiction.


Cette articulation logique est aussi perceptible dans la mise en scène et dans le montage. Les productions du genre actuelles sont tellement noyées sous les jump-cuts, les plans de 3 secondes (Coucou Michael Bay. Nos rétines font l’amour à ta maman. Bisous.), les shaky cams, qu’il suffit qu’un film tienne techniquement sur toute sa longueur pour susciter l’enthousiasme. Avec Baby Driver : rien de tout ça. C’est propre et ce cher Edgar se paie même un gimmick de réalisation aussi exaltant que pénible.


Puisque Baby Driver, c’est le clip de 2h d’une soundtrack, la musique dépasse son statut d’accompagnement et de vecteur d’émotions : c’est un choix de mise en scène. Exemple : vers la moitié de son film, lors d’une fusillade, les coups de feu et les cuts sont synchronisés avec la musique. Ça pourrait être épileptique et synonyme d’une certaine pauvreté artistique. Au lieu de ça, c’est assumé et plutôt bien foutu (Deadpool et Kingsman ont récemment eu recours au même procédé, avec réussite).


Sauf que : c’est dommage. C’est dommage parce que cette bonne idée devient un gimmick, et qu'il est répété jusqu’à la fin du film. Et c’est quand même salement paradoxal qu’un film qui accorde autant d’importance à la musique se contente de répéter continuellement la même partition (je n’assume pas le jeu de mots. Pardon.).


Je ne peux pas m’empêcher de le dire : bien sûr que c’est pas aussi bien que Heat de Michael Mann (en même temps, le film n'a pas cette prétention). C’est parsemé de bons sentiments, ça ne résistera pas de la même manière au temps, mais ce n’est en aucun cas une perte de temps. Bien au contraire.


Note :
Feel-good /10


Dans le genre : faut pas trop y penser, mais je vous le signale quand même parce que je suis généreux :
Le héros tombe amoureux du sosie de sa mère. Littéralement. Le film ne s’en cache même pas. Quel était le projet ? Monter un film de braquages ou un film sur le complexe d’Œdipe ?


Dans le genre : vous auriez pu faire un effort, merde !
Baby est passionné par la musique. Baby écoute tout le temps de la musique. Baby écoute sa musique avec des écouteurs Apple. Baby ne sait pas que ces petites merdes sont ce qu’il y a de pire sur le marché !


Dans le genre : Edgar me prend par les sentiments :
Le plan séquence dans les 10 premières minutes du film. BAH OUAI ! J'ASSUME !


Dans le genre : il finira par revenir
Kevin Spacey. Ton rôle est cool. T’es grillé auprès de tout le monde. Hollywood a la mémoire courte. On se revoit d’ici 2-3 ans.

Jonathan_McNulty
7

Créée

le 2 déc. 2017

Critique lue 336 fois

Critique lue 336 fois

D'autres avis sur Baby Driver

Baby Driver
Behind_the_Mask
9

A million miles away

Hey Baby, Tu sais qu'Edgar Wright, ton réalisateur, vient de te hisser comme l'un des meilleurs souvenirs de cette année 2017 ? Et cela dès les quinze premières minutes de Baby Driver ? Bon, c'est...

le 20 juil. 2017

136 j'aime

31

Baby Driver
SanFelice
5

Gna Gna land

Baby Driver commence par une scène d'ouverture d'anthologie. C'est peut-être même la plus belle scène d'ouverture de l'année, du moins parmi celles que j'ai vues actuellement. Rythmée, inattendue,...

le 23 sept. 2017

109 j'aime

8

Baby Driver
Marvellous
9

10 choses que je n'ai pas faîtes en regardant BABY DRIVER

(La cinquième va vous surprendre!) 1.Je n'ai assurément pas regardé mon portable. Pourquoi ? Parce que BABY DRIVER est un film ultra rythmé, sans temps mort, et vraiment divertissant. De là à dire...

le 21 juil. 2017

101 j'aime

47

Du même critique

444 Nuits (EP)
Jonathan_McNulty
8

Népal : 444 nuits et mélancolie

Une voix sans visage, c’est hypnotisant. Une manière de détourner les regards du mystère qui entoure Népal pour les concentrer sur quelque chose d’important : la monotonie et la mélancolie vont de...

le 26 févr. 2018

18 j'aime

1

Imany
Jonathan_McNulty
8

Imany : le Spleen dans l’Ideal

Les arlésiennes ne sont pas toutes damnées à devenir des déceptions. Bon, d’accord, Duke Nukem Forever, c’était de la merde. Bon, d’accord, il y a de fortes chances que L’homme qui tua Don Quichotte...

le 12 mai 2018

15 j'aime

Trône
Jonathan_McNulty
8

Trône : Échec et mat.

Booba est une monstruosité. La haine qu'il attise est naturelle. Il synthétise tout ce qu'on peut reprocher au rap d'aujourd'hui, d'hier et de demain : une utilisation abusive de l'auto-tune, de...

le 13 déc. 2017

8 j'aime