Baby Driver est un film d'action nerveux et coloré réalisé par Edgar Wright, popularisé pour sa trilogie Blood and Ice Cream Trilogy et plus particulièrement pour le très célébré Shaun of the Dead. Un héritage jamais renié par le réalisateur anglais tant son dernier film suinte l'humour, la violence décomplexée et l'énergie musicale foisonnante.


Ce qui frappe de prime abord dans Baby Driver, outre la précision de sa mise en scène, c'est bien celle du montage : si les cadres du film sont toujours millimétrés, c'est bien l'assemblage de ces derniers qui émerveille deux heures durant. La seule scène d'intro suffit à faire comprendre au spectateur qu'il n'assistera pas à un simple polar pop et motorisé censé plaire à la génération Z. Le montage de Baby Driver mérite à lui seul le visionnage tant la précision de l'ensemble transpire le travail bien fait, ceux à quoi on pourrait également féliciter un montage et un mixage sonore de toute aussi haute volée. Techniquement abouti, le film à en plus le mérite de proposer quelques acrobaties et cascades ultra-jouissive, que ça soit les manœuvres à peine croyable des véhicules, ou les courses-poursuites à pied alternant fusillade et parkour. Et puisqu'il parait impossible de traiter Baby Driver sans faire mention de sa playlist musical, on pourra affirmer sans trop de risque que c'est sur cette dernière que ce repose en grande partie l'ambiance et le rythme général, Edgar Wright ayant écrit son script et prévu son découpage en fonction des morceaux choisis, la chose se ressent vite une fois devant l'écran.


Un peu comme Mad Max : Fury Road finalement, c'est bien les aspects visuels et sonores de Baby Driver qui semblent avoir été privilégiés aux aurores de son processus créatif, les deux films ayant été pensés dès le début comme des productions audiovisuelles misant autant sur le mouvement que sur le feeling global. Une méthode de travail louable s'inspirant de l'essence même du cinéma et qui aura eu le mérite d'avoir offert quelques grands moments de bravoures ces dernières années. Hélas, la glorieuse comparaison avec le film de George Miller s'arrête là, puisqu'à la différence de ce dernier, Baby Driver à tendance à s'éloigner parfois de sa route.


Pas de quoi en faire un carambolage ceci dit, mais là où Fury Road se contentait d'un scénario simple (mais aux thématiques riches) censé justifier la déferlante d'action en son sein, le long-métrage d'Edgar Wright densifie inutilement ses personnages et se perd dans une surexplication de leurs motivations, toujours liés à leur passé. Dommage, car dès les premiers instants, ni Baby ni la foule de second rôles du film ne semblent manquer de consistance, puisque toutes et tous sont déjà caractérisés par leurs looks et leurs comportements délicieusement caricaturaux. Au rayon des regrets, on pourra également citer une séquence de milieu de film un peu bancale, laissant trop paraître le dispositif global du film (une fusillade quelque peu banale qui semble n'être là que pour remettre de l'action sous couvert de Tequila). Mais là où Baby Driver s'essouffle réellement, c'est dans son dernier tiers : soit l'éternelle confrontation avec le "boss final" du film, un gimmick qui semble irriter même les plus paresseux développeurs de jeux-vidéos. Le pire étant que ce même dernier tiers semble avoir complètement usé les trouvailles visuelles et sonores qui faisaient pourtant toute la sève du film jusque-là, condamnant alors le spectateur à poliment se divertir en attendant la fin. Dommage, puisque malgré les mauvais points suscités et l'aspect général volontairement kitch qui pourrait rebuter, Baby Driver peut aussi compter sur un casting de haut vol et des personnages s'apparentant à de vrais confiseries. Edgar Wright se permettant même de bouleverser les enjeux de ces derniers en cours de film


SPOIL : Le personnage de Buddy (Jon Hamm), jusqu'ici présenté comme quelqu'un de sympathique et protecteur à l'égard de Baby, devient finalement l'antagoniste principal lorsque sa compagne se retrouve tuée suite au surprenant assassinat de Bats (Jamie Foxx) par Baby. De même que le personnage de Doc (Kevin Spacey), dont l'ambiguïté du comportement le promettait à devenir la principale menace pour Baby, mais qui se sacrifie finalement pour sauver ce dernier.


En fin de compte, si Baby Driver possède une petite batterie de défauts agaçant, ces derniers semblent peser bien peu face à l'incroyable générosité de l'ensemble. Aussi barré que dynamique, aussi hallucinant que techniquement irréprochable, cette vraie fausse comédie musicale s'impose dans le haut du panier du cinéma de divertissement. Et si jamais quelques problèmes l'empêchent d'accéder au titre d'incontournable, on pourra toujours citer Baby Driver comme le top du cinéma d'action original et inventif.


BONUS : Clip du morceau Blue Song de Mint Royale, précurseur du style de Baby Driver puisque également réalisé par Edgar Wright!


https://www.youtube.com/watch?v=dfrcZsKcVxU

Bukowski-Bags
7
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le 5 avr. 2020

Critique lue 95 fois

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