Pour Roméo, l’avenir de sa fille Eliza ne peut se faire en Roumanie. Brillante élève, sa chance se trouve dans une prestigieuse université anglaise prête à l’accueillir et à la soutenir financièrement. Seule condition, obtenir une moyenne supérieure à 18 au baccalauréat. Mais à la veille de l’examen, l’adolescente se fait agresser.
« L’homme naît bon, c’est la société qui le corrompt » écrit Rousseau. Sans être un exemple de vice ni de vertu, Roméo, médecin de profession, est un personnage moyen. Rentré au pays après les promesses de 1991, ses espoirs sont devenus désillusions. Aussi pousse-t-il fortement son enfant à vivre sa vie et faire carrière ailleurs. Mais quand les circonstances fâchent, peu importent les opérations, seul compte le résultat. Quitte à participer, en usant de ses relations et en rendant quelques « services », à ce qu’il méprisait. Des signes inquiétants deviennent annonciateurs : une fosse que l’on creuse, une vitre brisée, un chien écrasé, un masque de loup, une chute… Le héros ordinaire se discrédite. Quelle image et quel message transmettre alors aux générations suivantes qui s’efforcent de garder le sourire sur une ultime photo ? Le palmé Mungiu – 4 mois, 3 semaines, 2 jours – porte un regard toujours aussi âpre et désabusé sur la Roumanie d’hier et d’aujourd’hui. Malgré quelques longueurs et une froideur ambiante, son discours et ses plans-séquences affûtés restent efficaces.
7.5/10
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