Un road-movie trash et rageusement féministe : Baise-moi est l'adaptation du roman de Despentes par Despentes elle-même, violent manifeste pour la parité homme/femme développé à travers une forme cinématographique extrêmement crue, furax et mal taillée.
Classé X lors de sa sortie en salles en 2000 Baise-moi est un morceau de cinéma à la fois dérangeant, courageux et disgracieux dans le même mouvement. Virginie Despentes - assistée par la hardeuse Coralie Trinh Thi et tacitement parrainé par le grand Gaspar Noé - inverse volontairement les rôles et part en croisade contre le sexe fort, montrant des hommes sous un jour souvent ridicule ou du moins proprement grotesque : violents, impuissants, stupides... L'homme selon Baise-moi s'est simplement donné la peine de naître sous le signe du patriarcat, et rien de plus.
D'un point de vue cinématographique le film est raté, parfois mauvais mais suffisamment puissant pour mériter que l'on s'y attarde un minimum. Pas réellement bien joué cet objet haineux prend tout de même son sens si l'on connaît ne serait-ce qu'en partie le passif de sa réalisatrice... En revanche les prétentions réalistes dudit film nous semblent assez aberrantes, les scènes explicites manquant de cohérence au regard de l'ensemble...
Baise-moi bénéficie pourtant de quelques belles qualités : une science instinctive du cadrage, une bande-son sympathique et un regard étonnamment intelligent porté sur son sujet... On regrette en revanche l'amateurisme ambiant se dégageant de cette épopée barbare et castratrice, le postulat idéologique restant - que l'on y adhère ou non - sa force principale.