Bait c’est le petit outsider venu d’Australie, nous proposant du film de requin, genre à la fois ouvert et clôt avec Les dents de la mer de Steven Spielberg. On aura attendu, mais toutes les productions qui se seront succédées n’auront jamais hérissé le poil, dont notamment le récent The Reef, et encore moins soulevé l’estomac, preuve en est avec l’immonde Shark 3D.
Avec Bait on savait à quoi s’attendre, à savoir du film davantage orienté gore, ce qui faisait gravement défaut au genre, si ce n’est si l’on élargie le genre aquatique jusqu’aux piranhas. Bait, malgré son budget de 20 millions de dollars fait tout mieux que les autres, en bon petit insolent que nous avions deviné.
C’est net, le rendu visuel est travaillé et les couleurs toujours bien saisies, et surtout on a de la bidoche, ce qu’apprécieront les viandards ! C’est sûr, on pourra reprocher des requins en partie satisfaisants, en CGI durant les plans larges et en animatronic sur les plans serrés, mais malheureusement dans les deux cas un peu bancals. Reste qu’avec son budget plus étriqué que celui de Shark 3D on en voit beaucoup plus et l’on n’a pas l’impression de se taper une filmée dans le noir comme c’était le cas avec celui-ci.
Bait a donc des qualités, mais aussi des défauts. On lui reprochera un manque de second degré, mais ça c’est accessoire. Ce qu’on lui reprochera surtout c’est d’être avare lorsqu’il s’agit de sacrifier ses personnages. La plupart sont de second plan, mais la direction tente d’observer avec constance une morale qui rend les morts décelables avant qu’elles n’aient lieu, si quelqu’un crève, globalement c’est qu’il l’aura mérité (pour la plupart, les asiatiques sont les seuls à morfler sans raison aucune). Néanmoins attendez-vous à quelques bonnes séquences de déchiquetage et membres ensanglantés virevoltant devant la caméra.
Bref, cette gentillesse rend par moment la pellicule un peu monotone, et l’inactivité des protagonistes pendant la plus grosse partie renforce ce sentiment. Il faut d’ailleurs admettre qu’avec Russell Mulcahy à l’écriture il fallait s’attendre à quelque chose à la hauteur de Razorback, ce que l’on a, sur le papier, mais l’ensemble n’étant pas réalisé par ce même homme l’effet est tout autre. Finis ces visuels qui nous scotchaient et ces longs regards yeux dans les yeux, le réalisateur Kimble Rendall dirige l’ensemble de manière un peu craintive, ayant peur d’oser, et il faut bien reconnaitre qu’il s’en sort bien mieux lors des passages d’action que lors des instants réservés aux frissons, pour la plupart sans surprises, sans être non plus totalement à jeter, se situant dans la moyenne des productions du genre, et encore une fois laissant très loin derrière Shark 3D.
Bait se retrouve donc dans les bacs en Bluray (2D et 3D) alors qu’il aurait mérité une exploitation ciné, surtout compte-tenu du fait qu’une horde de bobines arborant le sigle « 3D » y ont droit tout en étant bien moins bonnes que celle-ci.