Avant que ses portes ne se ferment, une partie de ses troupes passant alors sous pavillon DreamWorks, Amblimation s’était illustré à trois reprises… pour autant de fortunes diverses : les premiers pas de Fievel tenaient du triomphe en fanfare, A Dinosaur’s Story se cantonnait à un statut confidentiel (jamais vu me concernant) et Balto, le dernier du lot, souffrait dans l’ombre du géant Toy Story.


Sonnant en avance le glas du studio, ce dernier n’en demeure pas moins un beau classique des 90s, ayant à tout le moins marqué ma prime enfance : la redécouverte est toutefois quasi-totale, les flasques orangées du sérum et les iconiques aurores boréales étant à peu de chose près tout ce qui m’en restait. Mais ce qui frappe le plus, c’est son étonnante maturité : sous couvert d’une introduction et d’une outro « live », et d’un contexte historique l’ancrant dans le réel (épidémie de diphtérie de 1925), Balto s’arroge un ton outrepassant le simple divertissement enfantin.


Sous le prisme purement fictionnel, quelques détails sautent alors aux yeux (et oreilles) : l’un des acolytes de Steele lâche un « son of a… » remarquable à sa manière, marque d’une loyauté teintée d’hypocrisie à l’égard du big boss, lui-même affublé d’une fierté débordante, à même de nuancer un tant soit peu son rôle d’antagoniste phare. Au centre du film, la discrimination fait figure de thématique prépondérante : brodant autour de la condition du chien-loup exclut par ses pairs, Balto délivre une belle ode à la tolérance, quoique parfois excessive dans ses ramifications.


Car outre les malheurs de son héros, le long-métrage a la main lourde en ce qui concerne son entourage : Boris, jars russe de son état, joue les rôles de mentor et de père de substitution pour Balto et le tandem Muk/Luk, deux ours blancs rejetés car inaptes à nager. Une bande improbable faite de crocs, plumes et fourrures, dont l’hétérogénéité unique en son genre se veut la conséquence d’un ostracisme plural : quoique nous pourrions nous interroger sur l’utilité d’un tel cumul, Balto en fait son cheval de bataille sans pour autant étouffer le divertissement, héroïsme et dépassement de soi composant une toile plus commode.


Au rang des nuances, les motivations de Balto interrogent toutefois : si l’objectif de sauver Rosy au péril de sa vie tient de l’évidence, faisant de l’animal un héros transcendant sa nature, ses motivations ne sont pas tant unidimensionnelles. Dans la droite lignée de son exclusion, le désir de reconnaissance et d’intégration tombe sous le sens ; enfin, dans une veine plus sentimentale, le « love interest » qu’incarne Jenna conforte l’idée d’une aventure un tant soit peu « opportuniste », le bougre y voyant là l’occasion de s’accomplir aux yeux de tous et, surtout, de sa belle.


Une manière de souligner une dernière fois la profondeur bienvenue de Balto, chant du cygne honorable d’un studio d’animation nullement anecdotique. Doué d’une animation dans les standards d’époque, si ce n’est mieux, et porté par un doublage on ne peut plus probant, le plaisir de la redécouverte aura été total.

NiERONiMO
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le 21 févr. 2021

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NiERONiMO

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