3 heures qui en valent la peine

"Bangkok Nites" est un film très riche - on pourrait presque dire qu'il s'agit de "2 films en 1" - et il faut donc s'accrocher pour en profiter, d'autant plus que les dialogues alternent entre japonais et thaï. J'avoue que j'ai failli m'endormir à certains moments, non pas parce que le film est ennuyeux, mais parce qu'il est difficile de rester concentré(e) si longtemps sur les sous-titres après une certaine heure de la soirée ! L'effort est toutefois récompensé. La perspective adoptée par le réalisateur est originale, intéressante, et touchante : la vie des prostituées de Bangkok est appréhendée sans voyeurisme à travers le destin de Luck, une magnifique jeune femme issue de la campagne venue chercher fortune auprès des nombreux clients japonais. Son idylle avec l'un de ces (anciens) clients lui fait entrevoir la possibilité d'une autre vie. Ce qui est remarquable, c'est le ton enjoué des deux premières heures du film, la beauté des images et des personnages, leur authenticité malgré un contexte de corruption morale et financière. Les deux personnages principaux sont très attachants, et on croit à leur histoire, jusqu'à ce que tout bascule dans le dernier tiers du film. Cette partie, plus complexe, plus sombre, m'a un peu perdue par moment et je n'ai pas vraiment compris la transformation d'Osawa, l'ancien client japonais amoureux puis désillusionné. Le film prend peu à peu une dimension politique et sociale, loin de la légèreté du début. Même si le film est peut-être trop dense et complexe, il offre de très beaux moments de cinéma et pose des questions extrêmement intéressante sur la Thaïlande d'aujourd'hui, le destin des jeunes femmes dans l'industrie du sexe ou encore les relations entre les Japonais et leurs voisins d'Asie du Sud-est.