Ce film tente de raconter le déroulé des manifestations contre l'OMC ( WTO en anglais) les 29 et 30 novembre 1999 à Seattle et sa répression policière et étatique. Il y parvient en partie, parce que plusieurs moments sont un peu trop orientés sur les relations amoureuses, dépolitisant parfois le sujet qu'il l'est pourtant éminemment. Cela sert sans doute le film, en y apportant beaucoup d'humanité chez presque tous les personnages, mais dessert la critique de la répression, que semblait vouloir faire apparaitre le réalisateur, Stuart Townsend. C'est son seul film réalisé et scénarisé et il semble avoir malgré tout fait (ou fait faire) des recherches pour y apporter une réalité vraisemblable.
Le côté romancé montre notamment un flic qui après avoir appris que sa femme avait fait une fausse couche, conséquemment a la répression qu'elle a subit, finit par tabasser un des manifestants se disant "pacifiste". Le moment où il s'excuse et la réponse du manifestant semble vraiment vouloir montrer une critique de la répression, cela aurait pu être davantage exploité. On passe très vite à l'idée que c'est juste un problème de coordination et d'organisation, ce qui est logique puisque c'est ainsi qu'a été analysé cette répression. Il ne faudrait pas oublier que ce fut des gaz poivre qui ont été utilisés, alors qu'ils sont interdits, en France tout du moins depuis la seconde guerre mondiale.
A la fin du film, Townsend explique malgré tout que tous les rassemblements de l'OMC et du G8 (à l'époque) furent isolés, en interdisant l'accès sur 3 km environ, après le contre sommet anti G8. Il montre aussi certaines actions directes utilisées et novatrices, comme le fait de s'enchaîner ensemble afin d'empêcher d'être séparer et en l’occurrence d'empêcher la tenue des conférences de l'OMC. On les voit aussi dresser d'un pont une banderole contre l'OMC.
La répression des manifestations de 1999 étaient importantes, mais pas autant que celle de 2001 à Gènes, pendant le contre sommet anti G8 et notamment aux arrestations et gardes à vue de l'école Diaz (lieu où 300 manifestant.e.s dormaient). Ils ont été séquestré.e.s, battu.e.s... et un policier a tué un manifestant, Carlo Guiliani. Le bilan serait de 600 manifestant.e.s blessé.e.s. Ce n'est qu'en 2017 qu'on leur reconnait avoir subi des actes de tortures, mais les policiers, carabiniers... inculpés ont eu l'amnistie. Voir aussi le film "Diaz, un crime d'Etat", de Daniele Vicari qui retranscrit cette répression.