Le film commence avec un court résumé de l'histoire du GATT, crée à la fin de la seconde guerre pour muter en 1994 en OMC, l'organisation mondiale du commerce. On se croirait dans un documentaire, mais quelques secondes plus tard, après le générique, dans un vue panorama de la ville, une militante descent du ciel en rappel, enfin, en réalité d'une grue, et on rentre dans la fiction, avec des tronches : Michelle Rodriguez, Woody Harrelson, Jennifer Carpenter, Charlize Theron, Ray Liotta... Le scénario n'a pas peur de s'éparpiller un peu avec ses personnages, mais avec les vidéos de l'époque rythmant le métrage et des performances étonnantes de justesse pour un film à message de ce genre, on est pris dedans inexorablement.
Film altermondialiste militant assumé, Bataille à Seattle prend quand même le temps de nous montrer les deux côtés de la barricade, entre les réunions des chefs d'état dans l'enceinte, des sentiments contradictoires qui assaillent le CRS dont la femme enceinte s'est fait tabassée par un flic, des dialogues souvent ironiques des manifestants. C'est définitivement un film clef qui sait bien rendre l'ambiance électrique des manifs de cette envergure, des passants qui se font arbitrairement agressés en marge de la manif, du passage obligé en taule, des tergiversations du maire qui est totalement débordé, et qui présente minutieusement ce grand événement de l'histoire américaine récente, qui fut décisive puisque les protestations amena à un clôture du sommet d'avant-l'heure, et où les manifestants commencèrent à utiliser des tactiques d'action directe non-violente effectives comme les chaînes humaines à l'aide de tubes à bras ou les techniques des flash-mobs. Et peut-être le moment, depuis mai 68 et le Larzac, où les alters ont vraiment donné un signal fort au monde.