Very Bat Trip

Pourquoi ai-je voulu regarder ce film ?
Peut-être espérais-je un Ba(t)dge Sens critique extrêmement rare. Ou ai-je voulu faire le spécialiste de Batman, sachant que je me ferai dézinguer en moins de 5 minutes par mon beau-frère. Peut-être ce film s'est rappelé à ma mémoire suite au sketch navrant du navrant Movie 43.
Je crois surtout que je voulais savoir pourquoi dans ma mémoire revenait souvent cette image de Batman avec un requin attaché à la botte.
Je savais que j'allais tomber dans le domaine du kitch et qu'il me faudrait un Bat-euphorisant, sous forme de rhum. Et effectivement, j'étais servi (de rhum et de kitch).
Mais finalement, tout ceci est pardonnable. Car ce film ne détonne pas avec les comics de l'époque, dont j'ai pu relire certains dernièrement grâce à l'excellente série des « Grant Morisson présente Batman » : les couleurs criardes, les situations rocambolesques, des « vilains » caricaturaux… Et surtout, le public cible reste les enfants. Si les films de Burton et de Nolan, les jeux vidéo et surtout les dernières BD (notamment les Franck Miller), ont fait de Batman un univers adulte, il ne faut pas oublier que ce personnage était d'abord réservé et même ghettoïser au jeune public. Il n'est donc pas possible de comparer ce Batman avec ceux d'aujourd'hui car, outre des époques très différentes (les comics, et les Batman en particuliers, sont des reflets de l'époque où ils sont produits), le public visé a totalement changé.
Lors d'une pause forcée, j'ai fait un passage par SC et j'ai lu juste une phrase d'une critique « C'est une comédie ». Fort de ce constat et de deux verres de rhum, j'ai fini par adhérer à cette idée à force de situations improbables et de dialogues insensés. Je me suis pris à rire des énigmes invraisemblables du Riddler.

-Qu'est-ce qui fait 2 kilos, est posé sur une branche et est dangereux ?
- Un oiseau avec une mitraillette.
- Bien sûr…

(Traduction de mémoire et approximative)

Ou encore des répliques d'Adam West.

Il y a des jours où on n'arrive pas à se débarrasser d'une bombe.

Et cette phrase qui a pris une saveur toute particulière de rhum.

Ils sont peut-être alcooliques, mais ce sont des êtres humains.

L'alcool aidant, j'ai pris le parti d'en rire et le film a pris une saveur inattendue (évoquée précédemment). Rire de et avec Batman, que tout ceci est improbable.

Mais les brumes alcoolisées ne m'ont pas fait oublier des défauts impardonnables. Si je sais concevoir les limites d'une production dans son époque (j'essayais de ne pas trembler dès qu'il y avait des « effets spéciaux », parce que C'EST QUOI CE REQUIN DE MERDE EN MOUSSE), certains travers de l'époque me restent… en travers. Notamment la place de Catwoman, qui juste bonne à séduire Bruce Wayne et à passer la balayette. Qu'elles sont loin Michelle Pfeiffer et Anne Hathaway.
La mise en scène est également extrêmement poussive. Pour un film d'action, c'est plutôt gênant. Je pense surtout au début avec l'hélicoptère, que cette scène est lente et laborieuse. Robin a l'air arthritique et Batman chasse le requin (DE MERDE EN MOUSSE) comme s'il repoussait un moustique.
Mais ce qui m'a le plus gêné au final, c'est le jeu d'acteurs. Passons vite sur les combats où les acteurs n'ont même plus l'air de faire semblant de se frapper. Passons aussi sur le jeu d'acteur excessif, visible trop souvent dans les comédies de l'époque. Mais plus d'une fois, j'ai l'impression que les acteurs n'y croyaient absolument pas, voire s'ennuyaient. Adam West en premier. Seul le jeu exubérant de Cesar Romero (Joker) avait du sens.

Et tout ce que j'en retiens au final, c'est qu'il me faut une Batspirine.