J'ai eu du mal à choisir un titre pour cette critique, dans ma tête se chamboulaient beaucoup de grands thèmes :
"Snyder, une buse en romance", "Lex Luthor et les deux héros", "On frappe et on cause", "Batman V superman ? Non, la mise à mort de batou"
Du coup à défaut de ne pas être des titres, ils feront office de parties.
Une belle blague que la romance que nous propose Snyder. Ah si vraiment c'est une blague, ça n'en serait pas une si elle n'était pas efficiente mais là on rit à cœur joie. La niaiserie côtoie le pathétique au ridicule, sans passer par la case bon sens. C'est quand même très fort de faire passer la romance d'un blockbuster de super héros comme anecdotique et poussive au possible en 2016. Et pourtant Snyder l'a fait. Snyder sait présenter des beaux plans mais ne sait pas filmer ce qui est beau.
L'autre bête noire du film réside dans sa narration. Il n'y a vraiment pas de mal à dire sur le scénario et si c'est le cas c'est que vous n'êtes pas fait pour les films de super héros car on y trouve tout ce qu'on pourrait y attendre. Ce n'est donc pas le contenue de l'histoire qui fâche mais la manière de la raconter. On a souvent l'impression que les personnages ne proposent au spectateur que les fins de leur phrase. Le récit reste malgré tout très lisible et clair mais il faut au préalable du visionnage une certaine pop culture pour l'appréhender correctement. (En effet, BatVSup choisit de nous présenter un univers déjà en marche et ne revient pas sur les origines story des personnages


tels que Batman ou le Joker, ou des lieux tel que Gotham.


) Et le problème c'est que ça impacte sur le film, a trop nous laisser deviner, il prend des habitudes qui lui est nuisible en façonnant des personnages (gentils) unilatéraux, bornés, impartial, trop malins etc. Les protagonistes n'arrivent jamais à trouver un juste milieu, ce qui permettrait au film de garder plus de cohérence et de ne pas passer par des salto scénaristique pour faire avancer le récit :
- les trois parties du films sont plutôt explicites : préparation à l'affrontement, baston, union.
C'était un schéma vu d'avance qui laissait craindre au manque d'investissement des héros : je craignais que seules les circonstances ou un antagoniste commun les poussent à se battre, ce qui décrédibiliserait leur idéaux. Résultat ? Oui et non. Disons que la partie de préparation est, bien que lourde et lyrique, plutôt bien amené (avec des scènes de rêve poussives mais pas méchantes, pour proposer de la baston en plein milieu et ne pas lasser le public).
Concernant le combat, et bien c'est clairement une mise à mort. Les personnages (batman et Superman) ne trouvent jamais en leur rival un adversaire de taille.


Le combat tourne toujours en l'avantage de l'un d'eux selon les situations, le rendant linéaire et même inintéressant alors qu'il est censé être le coeur du film.


Du coup ce manque de panache, ce manque d'enjeux et ce dénouement téléphoné font que le film n'a pas de cœur et ne se concentre et/ou ne repose sur aucune scène "mythique". Ce qui est au final pas un mal en soit car cela donne autant d'intérêt au début qui s'atèle à exposer proprement les différentes convictions que les personnages défendent (même si tout ça n'est le fruit que de circonstances et d'un jeu de manipulation organisé par le personnage le plus intéressant du film, Lex Luthor).
Le film peine à donc à proposer des valeurs individuelles, mais les personnages ne manquent pas de force pour autant. Toutes les tragédies provoquées par la démesure des conflits ont de réelles conséquences dans un monde de super héros qui tend à se rapprocher de la réalité (pas au point d'un Nolan), mettant l'accent sur la gravité malgré l'aspect comics des designs et de l'écriture des personnages. Impersonnel, le film choisit une directive assez neuve en nous proposant un batman allant à l'encontre même de Superman rendant ses actes amoraux et que certains pourraient qualifier d'indignes aux superhéros. Oui mais non car si l'enjeu ne porte pas sur les valeurs que défendent ses persos, il porte sur l'influence que le monde a sur eux, il porte sur leur manière de survivre au travers du brouillard des ténèbres émanant de l'ignorance, ou de l'immuable vertu. Bref toute la noirceur et l'intérêt véritable du film converge vers Lex Luthor, la vrai bonne surprise de ce film. Si les jeux d'acteurs sont sans bavure pour l'intégralité du casting, Jesse Einseberg s'en sort admirablement bien avec une version nouvelle de l'antagoniste far de DC Comics, on sent vraiment que l'acteur influence beaucoup notre ressenti sur le personnages et c'est donc un bon choix que de l'avoir casté. Même si son écriture est excellente, il fallait un mec ayant les épaules pour la porter et Jesse est ce mec là. Imprévisible, violent verbalement, psychotique, Lex Luthor devient le méchant que l'on adore détester


et que l'on ait content de ne pas quitter en fin de film.


Concernant la technique du film, Snyder s'est beaucoup calmé sur les zooms, et en bien, conserve une caméra mobile mais beaucoup plus fluide (et donc moins brute) que celle qu'il nous a fait avaler dans Man of Steel. L'univers esthétique se rapproche grandement des comics les plus sombres de l'univers DC, avec des couleurs très lumineuses (flammes, costumes, informatique et ornement) et contrasté dans un monde opaque et sombre.
Musicalement, Hans Zimmer et Junkie XL nous proposent des thèmes génériques mais efficace dont le but est d'accompagner une action souvent longue et énergique. Mais dès lors que le film se pose, certains thèmes s'éclaircissent, des thèmes allant avec chacun des personnages, marquant (ce qui est rare de nos jours pour les films de super héros) et fort. Mention spéciale pour l'ost Is She With You? mettant en scène le personnage de Wonderwoman avec une classe folle. ça faisait longtemps que l'introduction d'un personnage au cinéma ne m'avait pas autant marqué.
Visuellement c'est la claque, il m'a semblait que le film était numériquement irréprochable, et comme le tout est porté par des actions bien filmés et fluides, c'est que du bon à se mettre sous la dent. Petite déception quant aux chorégraphies qui sont certes très bien travaillé, mais mal appliqué avec un retard du côté des héros ce qui fait que les hommes de mains ont milles occasions de leur tirer dessus avant sans jamais passer à l'acte.
Bref, un film qui cumule des défauts d'écriture et d'équilibre, mais qui propose un divertissement très agréable et très condensé à tel point que l'on ne voit même pas les 2h33 passer.

ChamoisDoux
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 23 mars 2016

Critique lue 295 fois

ChamoisDoux

Écrit par

Critique lue 295 fois

D'autres avis sur Batman v Superman : L'Aube de la Justice

Batman v Superman : L'Aube de la Justice
Kelemvor
4

Que quelqu'un égorge David S. Goyer svp, pour le bien-être des futures adaptations DC Comics !

Qu'on se le dise, Man of Steel était une vraie purge. L'enfant gibbeux et perclus du blockbuster hollywoodien des années 2000 qui sacrifie l'inventivité, la narrativité et la verve épique sur l'autel...

le 25 mars 2016

116 j'aime

35

Du même critique

Mustang
ChamoisDoux
4

Le mariage expliqué aux imbéciles

Cette voix off, quel supplice. Le film se veut libre et libérateur, accusant les torts d'une société, que dis-je d'une culture archaïque et obsolète, mais il ne vous laissera aucune interprétation...

le 4 mai 2016

1 j'aime

1

Spotlight
ChamoisDoux
8

Ennui inexistant.

Jamais je n'aurais pensé que suivre les péripéties de journalistes en quête d'investigation serait aussi accrocheur et "agréable" à regarder. On ne s'ennuie jamais et l'histoire s'écrit comme un...

le 9 févr. 2016

1 j'aime

Chocolat
ChamoisDoux
7

De la fraîcheur et de la convenance

Chocolat nous propose une expérience cinématographique riche en sens et en maîtrise. Le film fait son boulot sans jamais transcender sa condition de biopic. Il choisit une narration linéaire...

le 9 févr. 2016

1 j'aime