Le couple de réalisateurs Jonathan Dayton et Valérie Faris, auteurs du culte « Little Miss Sunshine » n’avaient pas beaucoup tourné depuis. Les revoilà en grande forme avec « Battle of the sexes » et un sujet en tous points parfait pour le grandé écran. Le genre de fait divers et reconstitution historique prompt à exulter les passions et les cœurs. On y retrace les coulisses du mythique match de tennis opposant la joueuse de tennis Billie Jean King, meilleure joueuse mondiale de l’époque, à son aîné Bobby Riggs, ancienne gloire de ce sport, suite à un pari. Un match à portée hautement symbolique puisqu’il a été le étendart de la lutte des femmes et du combat contre le sexisme dans le sport à l’époque. Un sujet qui s’avère, hasard de calendrier, tout à fait dans l’air du temps à l’heure où féminisme et machisme sont sous les feux de la rampe à Hollywood suite à l’affaire Weinstein et ses résonances actuelles dans la société.
« Battle of the sexes » est une réussite sur les trois sujets qu’ils abordent et qui se mêlent parfaitement dans un feel good movie sportif et comique hautement sympathique par les valeurs qu’il véhicule. La représentation du monde du tennis (et plus généralement du sport) dans les années 70 est une réussite. La réalisation est très soignée et l’image adopte parfaitement le grain de l’époque dans une reconstitution appliquée mais discrète comme il faut. Le combat des la gente féminine dans l’univers masculin et machiste du sport est également un contexte dont l’étendue des tenants et des aboutissants est totalement balayée par un script concis et instructif. Quant à la romance lesbienne vécue par Billie Jean, elle est touchante et juste et permet également au long-métrage de parler de ce genre de relation taboue pour l’époque en fustigeant l’homophobie. Elle permet de très jolies scènes sans cliché sur une histoire d’amour entre deux femmes. Il y a donc un beau message de tolérance pour un film qui fonctionne autant comme une piqûre de rappel que comme un hommage à des combats sociétaux qui résonnent encore aujourd’hui.
Emma Stone et Steve Carrell sont la cerise sur le gâteau d’une œuvre plaisante et dynamique qui se suit avec délectation. Sans en faire trop, ils donnent une sacrée dose d’humanité et de drôlerie à des personnages dans lesquels ils se fondent avec une joie non dissimulée. Il est drôle et touchant malgré ses positions machistes quand elle est aussi bien pétillante et forte dans l’enveloppe de la sportive que fragile et délicate dans celle d’une femme amoureuse d’une autre. On apprécie également une galerie de seconds rôles impeccablement castés d’un Alan Cumming réjouissant en styliste à une Elisabeth Shue pleine de classe ou un Bill Pullman en riche sponsor qui ne voit pas d’un bon œil les velléités progressistes de ces jeunes sportives. Quant au match de tennis final, il parvient à être prenant alors que le tennis n’est pas le sport le plus facile à représenter au cinéma. On passe donc un excellent moment et on ne voit pas passer les deux heures que durent « Battle of the sexes ». Un film d’une fraîcheur qui fait du bien tout en autorisant sourire, émotion et réflexion.