Excellent film.
Depuis Memories of murder, le cinéphile dilettante que je suis est assoiffé de Corée (du Sud),
la Corée du Nord m'intrigue aussi mais pas pour son cinéma, pas celui sur les écrans en tout cas
(quoique le passage de Werner Herzog en Corée du Nord, dans son documentaire Into the Inferno, est un moment de cinéma captivant...
https://www.senscritique.com/film/Au_fin_fond_de_la_fournaise/22659241
à la base il est venu parler des volcans, mais Herzog aime prendre son temps).
Memories of murder, c'est d'abord comme le dit le titre le souvenir perplexe d'un meurtre irrésolu,
voilà pour l'intrigue,
mais pour moi ce fut aussi longtemps le souvenir perplexe d'un plaisir indicible
(presque pareil me diront certains psychanalystes),
perplexité que j'ai cherché partout et parfois trouvé,
le temps de comprendre que j'appréciais dans ce cinéma Coréen la rencontre subtile du bouffon et du drame bien dark,
on rit et on a mal en même temps*,
une tension permanente de l'écriture dont germent l'énergie et la complexité, la séduction,
et qui rend légitimes tous les grands effets cinématographiques, à la frontière du pathos ou de l'outrance dans les scènes les plus marquantes, à la frontière simplement mais du bon côté,
or le pathos comme l'outrance c'est quantique, t'es pathos ou t'es pas pathos
(To be pathos or not to be pathos dit Hamlet avec un crâne dans la main).
Parlons d'outrance et parlons des grands plans larges hollywoodiens, qui sont mêmes séquences parfois,
sans vouloir généraliser mais pour alimenter la polémique,
avouez qu'on y voit beaucoup de grands plans bondés presque déprimants puisqu'il ne s'y passe rien,
on nous montre des villes neurasthéniques et numériques... c'est douloureux on y cherche un truc à voir,
et on se sent vide de n'y rien trouver, on se le reprocherait presque...
ici, les grands plans sont courts mais sont de véritables compositions,
parfois longs aussi et qui plus est chorégraphiés.
https://www.youtube.com/watch?v=Cr3vRgaL0DE
Battleship Island se focalise sur un épisode de la guerre 39-45,
au sujet de l'île d'Hashima qu'il présente comme un endroit digne d'un camp de concentration Japonais pour les ouvriers forcés Coréens,
un film diffusé à la Berlinale ainsi qu'au festival de Cannes, qui a remporté un grand succès dans son pays et qui fut vendu dans 113 pays du monde,
le succès est en quelque sorte planétaire, peut-être pour les qualités de Memories of Murder que l'on y retrouve, peut-être aussi pour le sujet abordé,
et le film trouve aussi son lot de polémiques qui résonnent donc jusqu'à nous,
certains médias japonais d'après Wikipédia l'accusent de, je cite, déformer la réalité historique,
et sa large distribution inhabituelle sur 2000 écrans en Corée interroge sur, je cite, la domination des salles de cinéma par les grands conglomérats qui verrouillent l'économie du pays.
À moi pour conclure d'ajouter ma petite polémique personnelle,
puisque j'ai acheté, c'était une première, ce film sur MyTF1Vidéo
(idée de merde à la base j'en conviens)
pour une bonne qualité vidéo et la version originale sous-titrée,
et bien sachez que le sous-titrage s'est arrêté en ce qui me concerne au milieu du film,
et que la Version Française que j'ai voulue choisir par dépit s'arrêtait dans mon cas au quart...
alors Vernon la poisse ou TF1 rend l'argent,
je ne sais pas, mais dans les deux cas vous êtes prévenus !
*Je sais pas pour vous mais je déteste rire et pleurer en alternance, je me sens bête comme manipulé, envie de me rétracter, alors que les deux à la fois – Jean qui rit et qui pleure en même temps – je me laisse faire et ris et pleure davantage.