Je suis très surpris par le ton très particulier du film. Connaissant un peu Blier, je ne m'attendais pas forcément à voir un film aussi fragile et premier degré, mais plutôt un brûlot subversif dérangeant dans le style des Valseuses. Il n'en est rien. Blier a mûri depuis et il propose donc un film très écrit (adapté de son propre roman) dans ses dialogues, avec des personnages touchants et atypiques. Patrick Dewaere est tout simplement magistral dans ce rôle de loser attachant, généreux qui va tomber amoureux de sa belle-fille. La particularité du film, assez hors-concours dans la filmo de Blier, il me semble, c'est de jouer sur un ton très dramatique, voire carrément plombant. Le début est perturbant, avec ses dialogues très littéraires qui sonnent de prime abord très faux, des dispositifs scéniques un peu Nouvelle Vague (Dewaere s'adresse à la caméra) ... Autant dire qu'on sent davantage planer le spectre de Vivre sa vie que celui des Valseuses.
Mais, à condition de rentrer dans l'univers du film, les personnages en deviennent vite très touchants, émouvants. Le film parle moins de sexe incestueux que de reconstruction de soi-même, d'affection, d'amour. La mise en scène est très distante, ne s'autorise aucune exubérance, le scénario non plus. C'est un drame humain que nous offre Blier, et j'avoue avoir été pas mal touché.
Et puis, il y a aussi Ariel Besse dans le rôle de Marion. Elle apparaît d'abord dans un corps qu'on suppose de gamine, mais elle fait preuve d'une maturité étonnante (que lui confère aussi le texte de Blier, il faut le dire) et devient rapidement très sensuelle.