J'aime la thématique sorcière et ne vous épargnerai pas mes odieux jeux de mots :
Inquisition et deux qui s’aiment (roh celui-là est mignon !); Jean et Jeanne. Servage, mariage, droit de cuissage du seigneur local, dépression, pacte avec le roi du monde.
Osamu Tezuka, le papa du roi Léo, de princesse Saphir (smells like eighties), d’un nombre conséquent de mangas majeurs dont bien sûr Astro le petit robot, qui a redonné courage au Japon pauvre post nuke, a créé en 1962 un studio d’animation, Mushi production. Il a adapté ses œuvres en animés mais a aussi mis l’accent sur l’expérimentation artistique. Lui préférait l’animation fluide et dynamique mais l’animation statique, qui s’appuie davantage sur le récit et un certain lyrisme, est visible dans ce long métrage Belladonna.
Dernier d’une trilogie appelée Animerama, expérimentale et érotique (ça a surpris deux jeunes spectatrices de ma séance d’ailleurs… dans la salle 2 hahaha) composée précédemment des Mille et une nuit 1969 et de Kureopatora 1970, Yamamoto Eiichi (je ne sais pas si c’est un pseudo mais en japonais, le mot ecchi avec une orthographe différente signifie pervers. Voilà, voilà. C’était le moment linguiste - je m’étale - de Gribbsie) met très librement en images et en verbe en 1973 l’histoire de La sorcière, un essai écrit en 1862 par Jules Michelet. La sorcellerie dans les deux œuvres est présentée sous un jour romantique, devant la reprise de l’orgie païenne par le peuple en une révolte contre l’oppression en place au Moyen-Âge. Hallucinatoire – le recours à la plante vénéneuse mais curative qui donne son nom au film : la belladone, y est pour quelque chose, je vous incite à aller voir cette ressortie inédite – avec la précaution de bien savoir que vous visionnerez le résultat d’animateurs japonais des années 70, certainement défoncés, romantiques, érotiques, pervers aussi. Les dessins de Kuni Fukai sont magnifiques, convoquant la Sécession viennoise (Egon Schiele, Klimt). À la sensualité se mêlent autant la violence que la polissonnerie. La sorcière est illustrée avec tant de soin que vous me permettrez de vous dire a posteriori que le calembour Satan l’habite n’a jamais été aussi mérité. Ce n’est pas une grivoiserie, je fais référence à un personnage… curieux, surtout dans la forme.
Cette avant-garde soulage de l’animation numérique criarde.