Péplum, blockbuster, remake, reboot, appelez cela comme vous voulez. Je préfère porter un regard sur Ben-Hur 2016 comme un film à part entière, sans lui accorder un contexte qui me semble particulièrement injustifié. Voici les quatre points particuliers de ce film qui me semblent important d'aborder :


La réalisation de Ben-Hur 2016 se caractérise par un soin particulier apporté à la composition de la scène. Le film est en effet riche en détails, parfois esthétiques comme le choix des couleurs et des angles de vue, notamment ceux portés sur les galères, parfois folkloriques comme ces nombreux figurants qui traînent un peu partout dans hippodrome et qui se font écrabouiller au passage par des chevaux en furie, parfois sordides comme ce pauvre homme accroché à l'éperon du navire grecque juste avant l'impact. Tous ces petits détails contribuent à donner une certaine richesse à ce film, à nous plonger dans une interprétation, parfois fabuleuse, du monde antique et à émerveiller continuellement le spectateur qui aura su y porter attention.


Allez, une mention spéciale à la bataille navale filmée quasi-intégralement du point de vue des rameurs, ne laissant apparaître que quelques détails terrifiants et faisant travailler l'imagination du spectateur qui doit subir l'incompréhension et le chaos qui devait régner dans les cales des birèmes.


Le rythme, quant à lui, est hélas parfois en dessous de ce qu'on attend d'un film de cette envergure. Alternant entre des ellipses bancales empruntées maladroitement à Mad Max Fury Road et quelques longueurs ennuyeuses portées par des conversations philosophiques un peu trop simplistes, on peut se demander à juste titre si le montage du film n'aurait pas pu être retravaillé à nouveau avant sa sortie. Fort heureusement, bien que placées à des moments clefs de l'intrigue, ces maladresses sont plutôt sporadiques.


La comparaison avec Ben-Hur 1959 est bien forcée, il faut l'admettre. Mais je pense que ce serait faire erreur que de vouloir comparer les deux films directement l'un à l'autre. Chacun prendra en compte les différences technologiques entre ces deux époques, certes, mais il faut aussi prendre en compte les différences dans les domaines de la cinématographie, des mœurs sociales et de la place de la religion. Ainsi, s'il doit vraiment y avoir comparaison, je pense qu'il serait plus judicieux d'interposer le scénario écrit entre ces deux films. C'est pourquoi je pense que chacun des deux films sont de très bons "Ben-Hur" pour leur époque.


En parlant du fait religieux, il me semble nécessaire de l'évoquer. Ben-Hur 2016 se frotte superficiellement à la représentation de Jesus Christ en tant que personnage secondaire, tout en lui accordant une importance presque capitale. On pourrait y voir un certain prosélytisme, notamment dans la mise en scène et la musicalité alternant entre le solennelle et le miraculeux. Pourtant, force est de constater qu'à part le traitement donné à la lèpre, qui pourrait relever de la coïncidence, aucun miracle inexpliqué n'apparait dans ce film. De plus, le personnage de Jesus Christ fait partie d'un dispositif visant à mettre en scène la terrible et sanglante occupation romaine de la ville de Jérusalem. Il apparait davantage comme un personnage politique et philosophe que comme le "fils de Dieu", dont l'évocation, partielle qui plus est, n'apparait qu'à la scène de la crucifixion. J'ai trouvé cette démarche intéressante et je pense qu'il devient nécessaire, aujourd'hui, de tourner des films sur les prophètes et les mécanismes à l'origine des religions, des films d'historien et de scientifique, et pas des films religieux.


Ben-Hur 2016 est certes un film à gros budget bourré de testostérone, bourré de représentations fausses sur le monde antique et manquant parfois de profondeur. Mais il n'a pas oublié d'être un film intelligent, sensible et original. Faites votre propre avis en allant le voir, mais essayez d'y porter un regard sur les points évoqués dans cette critique. Je pense que ce film, plutôt malmené par la critique, en a besoin.

Olipro
8
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le 18 sept. 2016

Critique lue 725 fois

2 j'aime

Olipro

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