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I would walk 500 miles and I would walk 500 more !

Johnny Depp, devenu depuis quelques années le pirate gay par excellence, avait fait d'autres choses avant, sa vie ne se limitant pas à cette triste filmographie post-2000 ou ses décennies à avoir été le pantin farfelu de Tim Burton.
Chose qu'il est nécessaire de préciser immédiatement, c'est une comédie sentimentale, oui, mais son titre trompeur aura vite fait d'induire en confusion. Benny est le grand-frère, et Joon la petite soeur. Au milieu de tout cela intervient Sam, campé par notre beau brun chevelu.
Ce qui a poussé la production à choisir ce nom sera probablement le fait que c'est avant tout une fable sur l'amour fraternel avant d'être une vraie histoire d'amour. Un trauma, une jeune femme devenue « folle », ou tout du moins incontrôlable, un grand-frère qui ne peut plus travailler tout en s'occupant d'elle, et qui envisage de la confier à un foyer. C'est là qu'arrive son alter-ego, Sam, personnage hilarant qui les aidera tous deux, grâce à son entrain et sa bonne humeur, à retrouver un équilibre et rester soudés. Un fort potentiel émotionnel donc, mais aussi une fabuleuse comédie qui réussit à faire rire au travers des multiples facéties de Sam, personnage absurde et singulier. On ne nage d'ailleurs pas très loin des Herbes Folles ou des Emotifs Anonymes, qui seraient les deux seuls métrages à pouvoir tenir la comparaison.
Jeremiah S. Chechik, le réalisateur, n'a pas cherché à se moquer de son infirmité à elle, ni de sa simplicité à lui. Il ne se moque jamais des êtres différents, au contraire, et s'en sert comme étant une pierre angulaire qui apporte un peu de fantaisie dans un monde bien trop sérieux. On se presque tentés de dire que les frères Farrelly y trouvèrent ici une partie de leur inspiration, ces derniers ayant comme marque de fabrique de constamment inclure des « extraordinary people » dans leurs métrages.
En somme, Benny & Joon est une comédie touchante, qui émeut sans faire pleurer, contrebalançant chacune de ses scènes dramatiques par des touches facétieuses. Véritable appel à la tolérance, à l'amour, il est aussi un intelligent pamphlet sur la nécessité d'extérioriser ses sentiments, et non se renfermer comme le monde contemporain à tendance à nous y pousser.
Depp s'impose comme un maître clown, et quand on le voit faire ses cabrioles, jongler avec des assiettes, et faire approximativement tout ce qui lui passe par la tête, on se demande finalement qui de lui ou Burton a imaginé les personnages du réalisateur gothique. Quoiqu'il en soit on le retrouve ici au sommet de son art, dans un rôle unique, voire peut-être le meilleur de toute sa carrière, du moins dans ce registre.

A noter également que le film aura été révélateur pour le groupe Australien The Proclaimers, inconnu mondialement à l'époque, mais dont l'utilisation de leur morceau « I'm Gonna Be » comme thème du film, sorti plusieurs années auparavant, les propulsa en tête des charts US et a fortiori en a fait un des classiques des années 90, réutilisé fréquemment dans toutes sortes de séries et films (How I Met Your Mother, Family Guy, Cadavres à la Pelle...).
SlashersHouse
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le 12 mai 2012

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