Avant d'être Scorsese, Scorsese n'était pas si Scorsese que ça. On retrouve déjà dans son deuxième film (comme dans le premier Who's that knocking at my door) son intérêt pour un monde souterrain évoluant en parallèle de la société conventionnelle. Ainsi que pour les scènes ultra-violente entre deux références aux saintes écritures. Mais l'affirmation du style Scorsese ne se fera qu'avec le film Mean streets sorti l'année suivante.
Pour autant Boxcar Bertha est déjà un très bon film, qui commence par une scène d'ouverture très travaillée qui scotche le cul au fauteuil. Une scène qui annonce le ton général du reste de l'œuvre, une dénonciation saisissante de l'exploitation des ouvriers par ces gros cochons de capitaliste. Un Scorsese social qu'on ne reverra plus, et rien que pour ça Boxcar Bertha vaut le coup d'œil.
Un portrait à charge de l'Amérique en crise suite au Krach de 1929, son racisme ambiant et ses injustices digne du moyen-âge. Ce qui poussera notre Bertha et sa bande à franchir les limites de la légalité. Recherché pour subversion communiste et syndicaliste, puis pour vol, puis pour meurtre. Un schéma classique pour une histoire qui manque de rythme et frise parfois l'ennui. Heureusement rattrapé par quelques séquence plus dynamique, notamment un final impressionnant filmé d'une main de maitre. Finalement Scorsese était déjà un peu Scorsese.