Pour qui connait la filmographie des frères Coen, Suburbicon proposera finalement bien peu de surprises. L’arnaque, les personnages absurdes, les dialogues savoureux, les situations abracadabrantes, le fond de critique de la société américaine… Tous les ingrédients des cinéastes sont réunis dans ce film (réalisé par Clooney mais écrit par les frères) qui laisse pourtant un goût un peu amer.
On ne passe pas un mauvais moment, loin de là. Mais tout est tellement prévisible qu’on ne peut s’empêcher de penser que le scénario a été écrit il y a bien longtemps et que les Coen ont déjà réutilisé la plupart des idées depuis. Tout a déjà été fait, dit, si bien qu’on devinera sans peine la totalité des événements du film. Dès lors que la réalisation est peu inspirée, que les acteurs font le minimum syndical (excepté Oscar Isaac, qui surjoue pour tout le monde), avec notamment un Matt Damon peu inspiré, les défauts du film sont difficilement rattrapables. Le plus surprenant reste cette intrigue secondaire centrée sur les voisins noirs de Matt Damon qui, si on comprend aisément sa fonction (montrer que l’horreur ne vient pas des gens désignés par la majorité mais de citoyens ordinaires ; et insister sur les dérives de la stigmatisation…), on peine à voir son utilisé dans le déroulé du récit, si ce n’est qu’il permet une résolution de l’intrigue beaucoup trop facile, sur fond de base ball et réconciliation.
Certaines scènes assez brillantes viennent quand même sauver l’ensemble et peuvent convaincre qu’on n’a pas perdu son temps en venant voir ce film. Suburbicon est loin d’être mauvais, mais au regard des gens derrière le projet, on pouvait s’attendre à mieux.